Entre le tofâ, le togan fâ et le adogo fâ !

Arimi Choubadé

L’éditorial d’Arimi Choubadé

Vodun Days 2025 plein de tumultes, de couleurs et de facéties. En échos, quelques convulsions macabres, sur toute l’étendue du territoire national, du nord au sud, des drames effroyables avant, pendant et même après les festivités ; depuis les tréfonds des tranchées contre le terrorisme à Banikoara jusqu’en banlieue de Cotonou dans un dépôt de gaz domestique en passant par tout ce que pouvait charrier la toile de sanguinolant au fil des agapes à Ouidah. De malheureuses concordances peut-être ou encore des signes prémonitoires pour les plus fanatiques des bondieuseurs.

Au-delà de toutes ces considérations, c’est l’épilogue du fâ, le tofâ qui aura remporté la palme de la polémique après les interprétations commentées des prêtres dédiés pour le compte de la nation. Fait inédit, tout s’est fait en 3D sur un podium futuriste, devant le chef de l’État en direct sur la télévision nationale. Chose curieuse, au lieu de parler aux Béninois de ce que serait leur quotidien au titre de l’année 2025, l’oracle a choisi de parler de 2026 et de la nécessité de préserver le leadership de l’actuel occupant du trône même au-delà du mandat en cours. Ainsi le fâ du peuple (tofâ) s’est transformé en fà du président (togan fâ).

Mais la métamorphose ne s’est pas arrêtée à ces innovations. Les plus perspicaces n’ont pas tardé à découvrir parmi les prêtres interprètes les plus adulateurs, des militants (carrément) de partis créés de toutes pièces pour soutenir le chef de l’État, Patrice Talon. L’un d’entre eux, le truculent David Koffi Aza, candidat malheureux aux législatives de 2023 en tant que 2ème titulaire de la 6ème circonscription électorale (Abomey-Calavi), a volé la vedette à tous ces comparses. À défaut d’avoir pu servir son leader politique à l’hémicycle, il a essayé de bondir sur l’interprétation du fâ, une sorte de préservation de ses propres intérêts (adogo fâ). Le Vodun Days prétendument consacré aux religions endogènes, celles que pratiqueraient nos ancêtres, devient le prétexte tout trouvé.

Le prêtre-candidat-politicien a donc voulu être l’apothéose de la fête du vodun ; il en est devenu le pitre. Je ne dirai pas le punching ball de mon excellent confrère Tauyé Herbert Houngninbo sur le plateau de la Télévision Carrefour (TVC) où il a cru pouvoir continuer dans son œuvre de légitimation par le fâ d’un énième mandat de Talon après ses 10 ans plus 45 jours ; en lieu et place du mandat unique de 5 ans, sollicité au départ auprès des électeurs en 2016. Le service après-vente sur le plateau de lendemain de Vodun Days s’est révélé très périlleux et a laissé apparaître au grand jour la vacuité du personnel politique béninois oscillant entre “incompétent”, “vendeurs d’illusions et autres “charmailleurs”.

C’est la saison de l’auto-dénonciation !

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