Le procès très attendu d’Olivier Boko et Oswald Homeky, accusés de tentative de coup d’État, a pris une tournure dramatique ce 21 janvier 2025. Les avocats de la défense, dont trois anciens bâtonniers, ont quitté l’audience en dénonçant de graves irrégularités dans la composition de la cour.
Une composition de la cour jugée irrégulière
Me Badhio Issifou, bâtonnier du Burkina Faso et membre de l’équipe de défense, a déclaré que la formation de jugement en charge du procès ne respecte pas les dispositions légales applicables aux affaires criminelles. « La loi exige une composition collégiale de cinq magistrats pour juger des affaires criminelles. Or, nous avons constaté qu’il n’y avait que trois juges présents. Cette irrégularité grave compromet l’intégrité du procès », a affirmé Me Badhio Issifou.
Une décision mûrement réfléchie
Le retrait de la défense n’a pas été pris à la légère. « C’est une décision collective, réfléchie, et fondée sur les principes fondamentaux de la justice. Nous ne pouvons pas accompagner une procédure qui viole ouvertement les règles de droit », a-t-il poursuivi. Les avocats ont également mis en lumière des conditions de détention difficiles pour leurs clients, rendant impossible toute consultation avec de nouveaux avocats en cas de désignation d’office.
Un risque d’impasse judiciaire
Selon Me Badhio Issifou, la Cour est désormais confrontée à un dilemme. Sans avocats pour assurer la défense, le procès ne peut se poursuivre, sauf si de nouveaux conseils sont désignés d’office. Cependant, la désignation d’avocats d’office au Bénin est actuellement entravée, ce qui pourrait provoquer un report du procès.
Une contestation du fondement même du procès
Les avocats de la défense ont également critiqué la décision de la Cour de statuer sur la régularité de sa composition à la fin du procès, et non au début. « C’est une aberration juridique. Si la formation de jugement n’est pas régulière dès le départ, elle n’a pas compétence pour statuer sur le fond », a souligné Me Badhio Issifou.