Paris : les œuvres d’art historiques du Bénin toujours en de mauvaises mains

Roi Behanzin du Dahomey

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux sont en effervescence suite à l’annonce d’une vente aux enchères à Paris, où figuraient une récade attribuée au roi Behanzin du Dahomey et un sabre appartenant à une amazone. Ces objets, estampillés comme des souvenirs de la colonisation, ont enflammé les débats sur leur provenance et la légitimité de leur vente.

La récade de Béhanzin, un sceptre symbolique représentant une main fermée sur le foie d’un ennemi vaincu, est décrite dans le catalogue de la vente comme un cadeau offert par le roi au capitaine français qui aurait été témoin de sa « reddition » en 1892. Une version contestée et qui soulève bien des interrogations. Comment imaginer que le souverain béninois, après avoir subi la défaite face aux troupes coloniales françaises, ait choisi de gratifier un soldat français d’un objet aussi emblématique de son pouvoir ? Est-ce un geste de reconnaissance pour sa déportation imminente, ou une tentative de pacification ? Ces questions restent sans réponse, mais elles jettent une ombre sur l’authenticité de l’histoire telle qu’elle est présentée dans le catalogue.

La légalité de la vente : une question de pillage et de colonialisme

L’histoire romancée de cette « offrande » semble de plus en plus invraisemblable au regard du contexte historique. Selon l’historienne Marie-Cécile Zinsou, présidente de la Fondation Zinsou, cette récade ne peut pas être qualifiée d’« offrande ». Les récades sont des attributs réservés aux rois du Dahomey et sont souvent associées à des symboles de pouvoir et de résistance. Marie-Cécile Zinsou, dans un entretien avec RFI, rappelle que ces objets étaient plutôt récupérés par les soldats français à la suite des pillages qui ont marqué la conquête coloniale, en particulier lors des événements de 1892-1894. Les récades et autres objets royaux étaient alors pris comme butins de guerre, et non donnés par le roi.

La situation actuelle soulève une interrogation plus large sur la restitution des biens culturels et patrimoniaux. La vente de la récade de Béhanzin ne fait que raviver les plaies d’un passé colonial toujours présent dans la mémoire collective, en particulier dans les anciennes colonies comme le Bénin. En l’absence de dialogue avec les autorités béninoises ou d’un processus de restitution, cette vente apparaît comme une violation des droits culturels des peuples concernés.

…Et les objets disparaissent du jour au lendemain

Le mystère autour de cette vente ne cesse de s’intensifier lorsqu’il a été révélé que la récade de Béhanzin et le sabre de l’amazone avaient inexplicablement disparu du catalogue de vente à la suite des indignations sur les réseaux sociaux et dans les médias. Cette disparition laisse de nombreuses spéculations. Pour Marie-Cécile Zinsou, le gouvernement béninois aurait-il trouvé entre un accord avec les héritiers du capitaine qui avait pris les objets en 1894.

Pour l’instant, la question reste ouverte : pourquoi ces objets ont-ils été retirés de la vente ? Est-ce la pression des autorités béninoises, la prise de conscience de la maison de vente, ou une autre raison inconnue qui a conduit à cette décision ?

À suivre…

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