Code électoral et liste manipulés, opposition muselée et institutions sous cloche. Les élections générales de 2026 remplissent tous les critères d’un nouveau rendez-vous électoral explosif.
Depuis 2016, la situation socio-politique au Bénin devient de plus en plus inquiétante avec des sujets qui défraient la chronique. À l’approche des élections générales de 2026 au Bénin, les couleurs annoncent un nuage sombre, celui d’un système politique verrouillé et d’un processus électoral où l’exclusion des opposants et la manipulation des règles sont des stratégies systématiques. Dans ce climat d’incertitude, l’opposition multiplie des sorties pour prévenir une probable exclusion des adversaires politiques.
Ce lundi 9 décembre 2024, l’intervention de Maître Renaud Agbodjo sur France 24 a mis en lumière les préoccupations de l’opposition béninoise à l’approche des échéances de 2026. L’audit du fichier électoral et la révision du code électoral sont des conditions jugées essentielles pour garantir des élections libres et équitables.
Selon lui, l’opposition, regroupée au sein d’un cadre de concertation avec les partis et mouvements comme le NFN, le GSR, le MPL et le mouvement “Nous le ferons”, a unifié ses forces pour garantir des élections transparentes et équitables.
L’avocat a souligné que le système actuel, notamment l’accord de gouvernance, est conçu pour restreindre la souveraineté du peuple. Il a critiqué le mécanisme qui, lors des élections législatives de 2023, a imposé une barre de 20 % des voix dans chacune des 24 circonscriptions électorales pour permettre l’attribution de sièges. À la première expérimentation, aucun parti n’a atteint ce seuil, ce qui, selon Agbodjo, favorise un système où les résultats peuvent être manipulés. De plus, l’opposition se retrouve sans représentation dans les institutions clés qui organisent les élections, ce qui soulève des inquiétudes sur l’intégrité du processus électoral.
Telle est la caricature de la scène politique béninoise depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon. Le Bénin a vu ses élections transformées en un terrain où l’opacité et la manipulation sont les maîtres-mots. Le code électoral, révisé à plusieurs reprises, a été perçu comme un moyen de verrouiller le système politique et d’exclure toute opposition significative.
La répression de l’opposition : arrestations arbitraires et musellement des voix dissidentes
Les critiques de la répression des figures de l’opposition devenue une constante sous le régime de Talon sont également légion. Pour les élections générales de 2026, l’incarcération de plusieurs de ses leaders, dont Reckya Madougou et Joël Aïvo, est l’une des principales préoccupations de l’opposition.
Au cours de son entretien sur France 24, Me Agbodjo a exprimé son inquiétude face à leur détention prolongée depuis plusieurs années, soulignant que cette situation relève d’un règlement de comptes politique. Reckya Madougou, condamnée à 20 ans de prison pour terrorisme et blanchiment de capitaux, est en détention depuis trois ans. Son procès, qualifié de politique par l’avocat, est vu par l’opposition comme une tentative de museler les voix dissidentes. Il a également rappelé que les autorités béninoises ont ignoré les appels internationaux à sa libération, y compris celui du groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire.
Joël Aïvo, lui aussi emprisonné dans des conditions similaires, fait face à des accusations de complot contre le gouvernement. Me Agbodjo a dénoncé ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, visant à éliminer toute opposition avant les élections cruciales.
L’instabilité politique actuelle au Bénin est également alimentée par une crise de confiance au sein même du gouvernement. Si Patrice Talon a annoncé qu’il ne briguerait pas un troisième mandat en 2026, les tensions internes, révélées par l’arrestation de plusieurs proches du président, notamment Olivier Boko et Oswald Homéky, suggèrent une lutte de pouvoir au sein de la mouvance elle-même. Cette situation ne fait qu’ajouter de l’incertitude au processus électoral et nourrit les doutes sur la volonté de Talon de garantir un scrutin libre et transparent.
En l’absence d’un changement significatif dans le système politique, les élections de 2026 risquent de ne faire qu’approfondir la crise de confiance qui divise la société béninoise. Ce rendez-vous électoral pourrait bien être un nouveau point de rupture, où les tensions accumulées au fil des années se manifesteront par une confrontation politique de grande envergure.