Les troupes militaires françaises ne sont plus les bienvenues sur le territoire sénégalais. C’est l’un des sujets abordés par le Président de la République sénégalaise, Bassirou Diomaye Faye, lors d’un entretien accordé à l’Agence France-Presse, ce jeudi 29 novembre 2024, au palais présidentiel. Selon lui, la présence de soldats français au Sénégal est incompatible avec la souveraineté du pays.
En toute vraisemblance, l’étau se resserre autour de la présence des troupes françaises dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, le Sénégal vient de sonner le tocsin. Sans oublier un bruit similaire du côté du Tchad. Lors d’un entretien avec les confrères de l’Agence France-Presse, le Président Bassirou Diomaye Faye n’est pas allé par quatre chemins pour énoncer la nouvelle vision de son régime. « Le Sénégal est un pays indépendant, un pays souverain, et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires étrangères sur son sol », a-t-il affirmé.
Selon lui, cette décision de souveraineté de défense et de sécurité ne signifie pas une rupture avec les relations bilatérales avec la France. « La France reste un partenaire important pour le Sénégal, au regard du niveau des investissements, de la présence de sociétés françaises et de citoyens français dans le pays », a-t-il indiqué. Mieux, face aux défis qui s’imposent à son pays, à en croire ses propos, son gouvernement compte diversifier les partenariats internationaux. Car, selon lui, « Soixante-quatre ans après l’indépendance, les autorités françaises doivent envisager un partenariat sans bases militaires, mais qui soit riche, fécond, privilégié et global, à l’image de celui que nous avons avec d’autres nations. » Le Président Bassirou Diomaye Faye a donné l’exemple des pays tels la Chine, la Turquie, les États-Unis ou encore l’Arabie saoudite, qui entretiennent des relations étroites avec le Sénégal sans avoir de présence militaire sur son territoire. « Aujourd’hui, la Chine est notre premier partenaire commercial en termes de volume d’investissements et d’échanges. Est-ce que la Chine a une base militaire au Sénégal ? Non. Est-ce que cela signifie une rupture ? Non », a-t-il illustré.
On comprend aisément, à travers ses propos, que les jours des troupes militaires françaises au Sénégal sont comptés. Cette déclaration qui intervient dans un contexte de montée du sentiment anti-français en Afrique, notamment dans la région du Sahel, où les gouvernements militaires malien, burkinabè et nigérien, ont opté pour des alliances stratégiques avec la Russie, sonne comme un cinglant désaveu la France.
Un départ, mais pas une rupture de partenariat
La décision du Président Bassirou Diomaye Faye n’est pas à confondre avec celle de l’Alliance des États du Sahel (AES), encore appelée Liptako-Gourma, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Il prône, lui, un partenariat redéfini avec la France dans une politique générale de mise à jour de la doctrine de la coopération militaire de tout État avec le Sénégal. Cette révision, selon lui, implique non seulement l’absence de bases militaires étrangères sur le territoire sénégalais, mais aussi une redéfinition des modalités de coopération militaire avec les pays qui souhaitent continuer à travailler avec le Sénégal.