Bénin – Justice : Rachidi Gbadamassi bientôt devant la CRIET

Rachidi Gbadamassi

Après avoir été enlevé, séquestré et passé à tabac, Akim Gbadamassi porte plainte contre l’ex-député auprès de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET)

Dans la plainte déposée, Akim Gbadamassi, un transporteur de marchandises, reproche à son oncle et à plusieurs autres présumés complices des faits d’une extrême gravité. Il les accuse de violence et voie de fait, de traitements inhumains et dégradants, de trafic d’influence, de corruption d’agents publics, d’abus de fonction, d’enlèvement, d’association de malfaiteurs, de diffusion de fausses nouvelles, de harcèlement informatique, ainsi que de diffamation.

Les personnes présumées impliquées dans cette affaire ne se limitent pas à Rachidi Gbadamassi. Son frère, Latifou Gbadamassi, son chauffeur, Madjid, ainsi que ses deux gardes du corps, et même plusieurs médias comme ‘’Le Potentiel’’, ‘’Le Béninois Libéré’’, ‘’Le Parakois’’ et ‘’La Boussole’’, sont également pointés du doigt dans la plainte.

Un différend familial qui dégénère ?

L’affaire remonte à la confiscation du camion d’Akim Gbadamassi par la Brigade douanière de Tchatchou. Après plusieurs tentatives infructueuses pour récupérer son bien, Akim aurait sollicité l’aide de son oncle, Rachidi Gbadamassi, sans obtenir gain de cause. Akim aurait exprimé son désespoir en envoyant un message pour montrer qu’il avait pris conscience du manque de soutien de son oncle dans cette situation désastreuse.

À la suite de cette réaction, le 27 août 2024, au petit matin, des individus liés à Rachidi Gbadamassi étaient allés chercher Akim à son domicile, l’y ont enlevé de force et l’ont transporté vers un champ de maïs appartenant à son oncle. Là, dans des conditions proches de celles des mafias sud-américaines, selon la plainte déposée par son conseil d’avocats, Akim Gbadamassi aurait été contraint de nettoyer un endroit isolé avant de subir des violences physiques et psychologiques. Bastonnade, exercices physiques humiliants et menaces de mort auraient été infligés à la victime.

Les sévices auraient continué au domicile de son oncle. Tout ceci, sous le regard des frères de Rachidi Gbadamassi Latifou et Souleymane, signale la plainte.

Après la diffusion de ces événements sur les réseaux sociaux, la famille Gbadamassi a tenté de minimiser l’affaire finalement considérée comme un simple différend familial. Mais, selon la victime, des informations fausses auraient ensuite été publiées dans les médias, notamment dans les journaux ’Le Potentiel’’, ‘’Le Béninois Libéré’’, ‘’Le Parakois’’ et ‘’La Boussole’’, laissant entendre qu’ « Akim  Gbadamassi aurait contracté un emprunt auprès d’un de ses oncles qu’il n’aurait pas remboursé et que face à la réclamation insistante dudit oncle, il l’aurait insulté et giflé, ce qui s’analyserait à un affront familial induisant des malédictions qu’il faille lever ». Le passage à tabac du sieur Akim Gbadamassi ne serait donc qu’un rituel de purification pour « briser la malédiction » qui se serait inéluctablement abattue sur lui, rapportent les avocats d’Akim Gbadamassi.

Ces informations relayées sont à la base de ce rebondissement de la crise au sein de la famille Gbadamassi. « Ces informations relayées sont parvenues jusqu’aux oreilles des enfants d’Akim Gbadamassi qui se trouvaient face à un cas de déshonneur de leur père. Ceux-ci ont réclamé que leur père lave son honneur », ont précisé les avocats d’Akim Gbadamassi.

Des conséquences possibles

L’affaire soulève des interrogations sérieuses sur les pratiques de certaines personnalités influentes au Bénin et sur la manière dont les conflits familiaux peuvent dégénérer en violences graves. Si les accusations de corruption, de trafic d’influence et de violence sont avérées, elles pourraient avoir des conséquences dramatiques pour Rachidi Gbadamassi et les autres personnes impliquées.

Rachidi Gbadamassi quant à lui, a de graves antécédents en matière criminelle. Alors qu’il était encore maire de Parakou, l’homme politique avait été cité dans l’assassinat crapuleux du Juge Coovi retrouvé mutilé et calciné dans sa voiture à Parakou. Le docteur Hessou, médecin en charge de l’autopsie de la première victime, avait lui aussi été assassiné de façon crapuleuse. Peu de temps après ces crimes, on retrouvera le cadavre du jeune gardien de l’équipe nationale des U23 sur une plage de Cotonou. Le jeune “Campos” avait été sauvagement agressé et laissé pour mort, en pleine coupe d’Afrique junior. Là encore, des rumeurs non prouvées à ce jour, impliquent Rachidi Gbadamassi dans ce meurtre.

Le procureur spécial de la CRIET devra maintenant se saisir de cette plainte déposée depuis le 10 octobre 2024 et déterminer s’il y a lieu de le poursuivre ou pas. L’issue de cette affaire pourrait non seulement affecter la carrière politique de Rachidi Gbadamassi, mais aussi envoyer un message fort sur la lutte contre l’impunité et les abus de pouvoir dans le pays.

Article précédent

Audit de la liste électorale : le parti de l’opposition ”Les Démocrates” guidé par le consensus

Article suivant

Audit du fichier électoral : le Cadre de Concertation des partis politiques d’opposition prend langue avec l’UPR de la mouvance

You might be interested in …