Le 20 octobre 2024, le leader du parti d’opposition ‘’Les Transformateurs’’ a annoncé son refus de participer aux élections législatives et communales prévues pour le 29 décembre prochain au Tchad.
Par Cheick Ousmane Kane
Cette décision survient après un rapprochement infructueux avec le régime de Mahamat Idriss Déby et se veut un acte de défi face à un processus électoral qu’il juge déjà biaisé.
C’est lors d’une cérémonie de commémoration où plusieurs manifestants, protestant contre le maintien de la junte militaire, avaient été tués par balles par les forces de l’ordre, selon des ONG nationales et internationales, que Succès Masra a exprimé son refus de participer aux prochaines échéances au Tchad. Il a affirmé que participer aux élections serait « cautionner un résultat déjà enregistré dans les ordinateurs du camp d’en face ». Il dénonce un climat de « dictature et de terreur » et s’inquiète des risques de fraude électorale qui, selon lui, entacheraient inévitablement le scrutin.
Ce boycott fait écho aux préoccupations exprimées par le Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP), une plateforme rassemblant plusieurs partis d’opposition qui avaient déjà annoncé leur volonté de ne pas se rendre aux urnes. Leurs critiques portent notamment sur les conditions dans lesquelles ces élections sont organisées, qualifiant le contexte de « non démocratique ».
Une réaction controversée au sein de l’opposition
La décision de Succès Masra ne fait, sans aucun doute, pas l’unanimité au sein de l’opposition. Et pour cause, le code électoral en vigueur avait été validé lorsqu’il était Premier ministre. Certains analystes estiment que son retrait n’aura pas d’impact significatif sur la légitimité des institutions en place.
Mais, ce boycott pourrait également être perçu comme une tentative pour Les Transformateurs de se repositionner dans le paysage politique tchadien après avoir dirigé le gouvernement de transition quelques mois avant le scrutin présidentiel dont Masra avait contesté les résultats, affirmant avoir été victime de fraudes orchestrées par le camp de Déby. À seulement 41 ans, il est conscient que sa stratégie pourrait influencer ses partisans et leur perception du régime en place.