Absente à l’hémicycle pendant les quatre dernières années, l’opposition béninoise fait son grand retour. Le parti Les Démocrates a décroché 28 sièges sur les 109 à pourvoir, lors des Législatives de janvier 2023. Il sera la seule force d’opposition à l’Assemblée Nationale. Cet avantage, le parti compte l’exploiter à bon escient.
Dans une interview publiée dans le Nº3122-Mars 2023 de Jeune Afrique, Éric Houndété, président du parti, a exposé l’agenda législatif des 28 Démocrates. Au cours de ce mandat législatif de trois ans, les députés de l’opposition n’ont qu’une seule priorité : « œuvrer à la restauration de la démocratie ». Voilà les termes employés par Éric Houndété ! Et pour ce faire, ils vont demander la relecture d’un certain nombre de textes qu’il estime « crisogène ». Il a pointé du doigt les différentes lois sur l’emploi et l’embauche. Il évoque aussi les textes électoraux qui « ne permettent pas aux partis de l’opposition de s’exprimer comme ils devraient pouvoir le faire ni d’avoir les mêmes chances que les partis de la majorité de gagner les élections ».
Des actions seront également menées dans le sens des textes restrictifs de la liberté de presse et d’expression. Le député relève que « beaucoup de corrections doivent être apportées aux lois qui ont conduit les journalistes ou les personnes qui se prononcent sur les questions d’actualité à la privation de liberté ».
Par ailleurs, les élus LD ne resteront pas indifférents face à la situation économique qui prévaut dans le pays. « Nous devons tenir compte de la paupérisation avancée que subissent nos compatriotes pour élaborer une législation fiscale qui n’écrase pas les citoyens, en particulier les plus pauvres, et qui ne décourage pas l’investissement », a indiqué, à ce titre, Éric Houndété.
Son parti est bien conscient que l’infériorité numérique de ses élus par rapport aux députés de la majorité parlementaire ne lui facilitera pas la tâche. Néanmoins, les Démocrates à l’Assemblée Nationale espèrent que leurs camarades du camp présidentiel « se montreront sensibles au sort des populations les plus faibles, ainsi qu’à la restauration de la démocratie, afin que les opinions puissent s’exprimer en toute liberté, pour le bien de la nation ».
Pour finir, lorsque Jeune Afrique demande si les députés de l’opposition soutiendront certaines réformes du gouvernement à l’Assemblée Nationale, Éric Houndété lance : «Nous sommes députés pour la nation, pas pour le président Talon ». Cependant, il nuance en ces termes : «Nous suivrons toute initiative législative, action ou réforme que nous percevrons comme bénéfique pour la majorité des Béninois. Mais nous ne travaillons pas pour Talon ».