Plus de dix jours après le rejet par le conseil constitutionnel du report de l’élection présidentielle au 15 décembre 2024 le président Macky Sall n’a toujours pas officiellement annoncé une nouvelle date pour le scrutin. Les dialoguistes de diamniadio ont proposé le 2 juin et une nouvelle prorogation du mandat du président Sall.
Par Cheikh Ousmane Kane
Plus que deux mois avant la fin du mandat constitutionnel de Macky Sall et le Sénégal ne connaît toujours pas la date de l’élection de son successeur. Le premier tour du scrutin aurait dû avoir lieu le dimanche dernier (25 février) conformément au précédent calendrier électoral. Mais le président sénégalais avait pris tout le monde de court le 3 février dernier en suspendant le processus la veille de l’ouverture de la campagne officielle. Deux jours plus tard, l’assemblée nationale adoptait une loi constitutionnelle prolongeant de presque un an le mandat présidentiel en cours.
Dans un arrêt rendu le 15 février dernier, le conseil constitutionnel a cassé cette loi et enjoint au président Sall de fixer une nouvelle date pour l’élection, “dans les meilleurs délais”, en prenant en compte le 2 avril, date de la fin de son mandat.
Macky Sall s’entête
S’il a presqu’immédiatement pris acte de l’arrêt et annoncé qu’il s’y conformerait, en revanche, le président Macky Sall résiste encore à annoncer un nouveau calendier, et ce malgré l’énorme pression qu’il reçoit tant de la part de la classe politique que de celle de la rue sénégalaise. Officiellement, il ne veut pas le faire seul, il veut le faire en concertation avec toute la classe politique sénégalaise et avec les organisations de la société civile. « Il est des moments d’adversité politique auxquels il est nécessaire de mettre un terme par le dialogue. Ce temps est venu », a déclaré Macky Sall, lundi 26 février à l’ouverture du dialogue politique national qu’il a réuni pendent deux jours à Diamniandio (près de Dakar) et qu’ont boycotté au moins 16 des 19 candidats retenus pour la compétition.
L’élection le 2 juin ?
Les plus gros partis d’opposition du Sénégal ou le mouvement Aar Sunu Election (sauvons notre élection, en wolof) ont également refusé de prendre part à ce dialogue où a été proposée la date du 2 juin pour l’organisation du scrutin, et que le président actuel reste en place jusqu’à la fin du processus. Une proposition unanimement rejetée par les oppositions pour lesquelles cette réunion n’a ni la légitimité, ni les prérogatives légales pour prendre une décision aussi lourde de conséquence pour l’ordre constitutionnel. “Nous estimons que c’est une fraude aux décisions du Conseil constitutionnel, qui a décidé que l’élection ne peut pas se dérouler au-delà du mandat du président qui se termine le 2 avril. Le président (Macky Sall), par ricochets, ne peut pas aller au-delà de son mandat, c’est la raison pour laquelle le conseil constitutionnel avait annulé la loi constitutionnelle qui permettait à Macky Sall de rester jusqu’au 15 décembre. Donc cette décision étant annulée, le président veut passer par le dialogue pour faire revenir ces propositions-là sur la table, ce qui est inadmissible et illégal.”, a déclaré Amadou Ba, l’un des porte-parole de la coalition Bassirou Diomaye Faye
Karim Wade, grand gagnant ?
Un nouveau décret présidentiel est attendu dans les heures ou jours à venir, et fera sans aucun doute l’objet d’une nouvelle bataille devant le conseil constitutionnel. Si la date du 2 juin est maintenu, cela permettra à Karim Wade, fils du prédécesseur de Macky Sall d’être réintégré à la liste des candidats. Rappelons-le, c’est le rejet de sa candidature pour cause de double nationalité, qui a déclenché la crise politique en cours au Sénégal. La réponse du gouvernement français à sa demande de renonciation à la nationalité française n’était tombée qu’après la clôture du dépôt des candidatures.