Alors que la Côte-d’Ivoire est présentée comme un symbole de réussite économique, ses ressortissants continuent de se jeter par milliers sur les mers pour tenter de rejoindre l’Europe.
La petite île italienne de Lampedusa est devenue le symbole de la crise migratoire qui secoue la Méditerranée. Avec un afflux record de plus de 8 500 migrants en quelques jours, l’île est submergée de migrants africains tentant de rejoindre l’Europe en quête d’une vie meilleure. Parmi ces migrants, un nombre significatif (plus de 2500) serait de nationalité ivoirienne. Alors que le pays connait une vraie stabilité depuis la fin de la rébellion et le renversement du président Laurent Gbagbo en 2011.
Les chiffres de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) sont alarmants. Entre Janvier et juillet 2023, 12.220 ivoiriens se sont jetés sur les mers en direction de l’Europe, à peine moins que les guinéens (12.600) et très loin devant les maliens (3.450).
La Côte d’Ivoire, autrefois considérée comme la “République du cacao” et une terre d’opportunités pour les migrants d’Afrique de l’Ouest, est aujourd’hui confrontée à un phénomène migratoire complexe. Alors que le pays se remet des crises politiques qu’il a connues au cours de la dernière décennie, il est devenu l’un des principaux pays d’origine des flux migratoires clandestins vers l’Europe. Ce qui est surprenant, c’est que cette migration ne semble pas être motivée par des facteurs politiques traditionnels. Selon un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 89% des migrants interrogés ont indiqué qu’ils avaient quitté la Côte d’Ivoire à la recherche d’emploi ou d’opportunités économiques en Europe. Cependant, 84% d’entre eux avaient déjà un emploi rémunéré avant de partir.
La situation est difficile à cerner pour nombre observateurs au vu de la situation avantageuse de la Côte-d’Ivoire en Afrique. Première économie de l’UEMOA avec près de 35% du PIB de la zone, l’économie ivoirienne se porte mieux que jamais. Elle connait une croissance soutenue depuis une dizaine d’années. Une croissance qui sera encore de 7,2% en 2023, selon les prévisions du gouvernement ivoirien.
Comment comprendre donc cette émigration massive des ivoiriens ? Selon un économiste de Financial Afrik, l’une des explications est à rechercher dans la répartition de la richesse qui serait très inégale, selon lui. Si le produit intérieur brut n’a eu de cesse de croitre, le pouvoir d’achat des ivoiriens, en revanche, n’a fait que s’éroder inversement. Selon l’OIM, la migration irrégulière reflèterait également les réalités de la société ivoirienne. Le désir de “mieux-être”, souvent associé à une vie en Europe, est fortement ancré dans l’esprit de certains Ivoiriens. Cette perception peut être influencée par des récits de réussite de la diaspora ou par des réseaux de passeurs qui présentent la migration comme une solution aux défis locaux.