Crimes répétés de policiers : il est temps pour Alassane Seidou et Soumaïla Yaya de démissionner

Alassane Seidou et Soumaïla Yaya

Beaucoup de sources internes à la police soulignent la responsabilité de l’ex-gendarme et du ministre de l’Intérieur dans la radicalisation des fonctionnaires de police. De fait, jamais les meurtres de sang-froid commis par des policiers dans le cadre de leurs fonctions n’ont été aussi nombreux. Depuis que Alassane Seidou et Soumaïla Yaya ont pris le commandement de la police et du ministère de tutelle, certains policiers semblent surprotégés dans leurs sales besognes.

Les assassinats perpétrés par la police républicaine se multiplient à travers le pays, et la situation semble devenir de plus en plus inquiétante. La police républicaine transformée par certains agents en force criminelle poursuit ses agissements en toute impunité. Selon plusieurs analystes, ces événements ne font qu’illustrer l’incompétence du commandement de la police républicaine et la négligence du ministre de l’Intérieur, Alassane Seidou, et du gouvernement Talon.
Depuis 2020 en effet, les meurtres de citoyens par la police républicaine ont défiguré le paysage national. Plus de quatre assassinats ont été recensés, tous imputés à des agents de la force publique, sans compter ceux qui n’ont jamais été portés à l’attention du grand public. Le dernier en date est celui de Faysal Ouorou, un jeune abattu à Parakou pour avoir refusé de laisser des policiers sans mandat fouiller son téléphone. Ce tragique incident n’est que le récent d’une série qui met en lumière une police enragée et frustrée, où règlements de comptes internes et abus de pouvoir sont monnaie courante.

Les plus zélés et les plus violents au sein de la police, ont jusque-là été protégés par leur hiérarchie, peu importe la gravité de leurs actes. Un climat de corruption et d’impunité semble ainsi régner en maître, loin de toute éthique professionnelle.

Des exemples qui choquent

L’un des premiers drames qui a secoué la nation, ces dernières années, a eu lieu en 2020, lorsque l’étudiant Florent Dokotoro Yokossi, alors en troisième année de droit à l’université, a été battu à mort par un policier à Tanguiéta. L’incident a eu lieu en pleine journée et a été aggravé par un fait troublant : des cartouches de fusil de chasse retrouvées dans la tête de la victime lors de l’autopsie. Ce détail soulève une question : depuis quand la police béninoise utilise-t-elle des fusils de chasse dans le cadre de ses missions ? 

Toujours en 2020, en pleine crise de la Covid 19, le jeune Théophile Djaho, alors étudiant à l’université d’Abomey-Calavi, a été abattu de sang-froid par un policier alors qu’il participait à une manifestation pour réclamer la mise en place de mesures de prévention. Son corps a été confisqué pendant de longs mois avant d’être livré à sa famille. Quant à son assassin, il n’a jamais été inquiété.

En 2022, un autre meurtre a choqué la population. Saturnin, un citoyen arrêté à Hlwacôdji et incarcéré au commissariat central de Cotonou, a été retrouvé mort, criblé de balles derrière la prison civile de Missérété. Bien que sa famille n’ait eu aucune nouvelle, pendant plusieurs jours, c’est seulement à la date du 5 octobre que son corps a été retrouvé, ligoté et abandonné, sans que justice ne soit rendue.

En 2023, un jeune orphelin de 18 ans, en fin d’apprentissage, a été tué par des agents de la police républicaine. Pour dissimuler leur crime, les policiers ont déposé son corps à la morgue de l’hôpital de zone de Ouidah, tout en le faisant passer pour un braqueur. Ce n’est que grâce à la pression des réseaux sociaux que la police a concédé une reconnaissance timide de ses actes, sans toutefois prendre de réelles mesures pour rendre justice à la famille de la victime.

La justice complice ?

Ces assassinats et abus de pouvoir sont non seulement dénoncés par la société civile, mais ils soulèvent également des questions cruciales sur le rôle de la justice. L’ONG Benin Diaspora Assistance a publié un rapport dans lequel elle condamne fermement ces actes et lance un appel pressant au gouvernement béninois pour qu’il fasse la lumière sur ces crimes et que justice soit rendue. Cependant, depuis quatre ans, aucune enquête sérieuse n’a été menée sur ces faits, et les criminels, protégés par leur hiérarchie, continuent d’agir en toute impunité.

Les magistrats, pour leur part, sont empêchés par les réformes en place de demander des enquêtes contradictoires et d’obtenir des preuves objectives. La corruption au sein de la justice et l’absence de mesures contraignantes pour la police contribuent à l’érosion de la confiance des citoyens dans le système judiciaire.

Pire encore, des témoins de ces crimes sont menacés par la justice. C’est le cas du journaliste Virgile Ahouansè, traduit en justice après avoir révélé des exécutions policières à l’école primaire publique de Dowa Centre, à Porto-Novo, le 17 novembre 2022. Selon l’enquête de nos confrères de Crystal News, plusieurs personnes y auraient été froidement abattues dans l’obscurité de la nuit, sans qu’aucune action judiciaire n’ait été prise.

La démission de Seidou et Yaya s’impose

Face à la recrudescence des bavures policières sur le territoire national, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, Alassane Seidou, ainsi que les responsables de la police républicaine, dirigée par le Directeur Général Soumaïla Yaya, ont récemment tenu une réunion pour, disent-ils, assainir les rangs de la police et éliminer les éléments indésirables.

Cependant, ces réunions ne produiront probablement aucun effet concret. Bien que les assassinats perpétrés par la police ne soient pas nouveaux, les récents événements qui ont secoué l’opinion publique se sont déroulés sous l’ère du ministre Alassane Seidou, en poste depuis mai 2021. Il est clair qu’il a échoué là où ses prédécesseurs avaient déjà montré leurs limites, et cela reflète l’incapacité de l’ensemble du gouvernement de la rupture. En témoignent les événements tragiques de 2019, après lesquels, Patrice Talon, par un décret présidentiel (décret 2019, loi 39 du 07 novembre 2019 Bénin) a amnistié les responsables des meurtres déguisés de citoyens à Cadjèhoun, lors du processus électoral des législatives du 28 avril 2019.

Il est clair que ce geste a offert un prétexte aux forces de sécurité pour poursuivre leurs agissements violents, transformant ainsi la police, censée maintenir l’ordre, en un bourreau pour des citoyens sans défense.

Il est grand temps que le ministre de l’Intérieur et le Directeur Général de la police républicaine prennent conscience de leur échec retentissant. Alassane Séidou et Soumaïla Yaya doivent démissionner et admettre qu’ils ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités. Il incombe également au président Patrice Talon de revoir sa politique en matière de sécurité.

Si la police béninoise doit continuer à recourir à la violence, ajoutant de plus en plus de désarroi aux difficultés quotidiennes déjà générées par les réformes, il est inutile qu’elle soit encore qualifiée de “républicaine”. C’est ainsi que l’on voit le fiasco qui découle de la fusion de la Gendarmerie et de la Police nationale.

Article précédent

C’est quoi cette affaire de négociation à propos d’audit de la liste électorale ?

Article suivant

Régression inquiétante de la démocratie au Bénin : l’Alliance Progressiste sonne l’alerte et appelle à la libération des leaders de l’opposition emprisonnés

You might be interested in …