Affaire Steve Amoussou : « La justice béninoise s’est rendue complice et coupable de recel et de blanchiment de crime » selon Nourou Dine Saka Saley

L’émission hebdomadaire intitulée ‘’Grand angle’’ de ce dimanche de la radio numérique Crystal News a reçu comme invité, Nourou Dine Saka Saley. Au cœur du débat avec le juriste du droit des affaires et politologue, l’affaire Steve Amoussou. Selon l’invité du journaliste Virgile Ahouansè, « La justice béninoise s’est rendue complice et coupable de recel et de blanchiment de crime parce qu’elle a pris en considération et jugé une personne qui a été amenée d’une manière irrégulière et consécutivement à un crime commis dans un pays étranger… »

Ce qu’il convient désormais de qualifier de ‘’l’affaire Steve Amoussou’’ est loin de cesser de faire couler d’encre et de salive. Surtout que le prévenu, mis sous mandat de dépôt, ne sera jugé que le 7 octobre prochain, pratiquement dans un mois. A la faveur de ce dimanche 8 septembre, c’est le son de cloche du juriste et homme politique averti, Nourou Dine Saka Saley qui a retenu toutes les attentions. L’homme politique, connu pour ses prises de position tranchées et sa franchise a tenu d’entrée à faire une mise au point. Selon lui, « la décision de la Criet (ndlr : Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme) n’éteint pas l’action publique au Togo. » En effet, cette mise au point émane du procès inattendu tenu le mardi 4 septembre dernier, par la juridiction spéciale contre les ravisseurs de Steve Amoussou. Procès à l’issue duquel deux d’entre eux ont été condamnés à 24 mois d’emprisonnement dont 12 fermes. Le troisième cité, Ouanilo Médégan Fagla a été relaxé au bénéfice du doute. Poursuivant ses arguments sur ce procès, il a déclaré que « le fait générateur du mandat d’arrêt émis par le juge togolais ne provient pas de la plainte portée par le Procureur spécial de la Criet au Bénin. (…) Le mandat d’arrêt togolais reste en vigueur jusqu’à ce que la justice togolaise le rende caduc, inopérant ou l’annule ».

A en croire ses propos, la justice béninoise aurait, pour sauvegarder son image et laver l’honneur du Bénin, simplement suivre les procédures de droit national et international et extrader les présumés ravisseurs. Au lieu ‘’qu’un tribunal récupère le fruit des actes illégaux pour en faire une procédure normale.’’ Selon Nourou Dine Saka Saley, le procès et ce verdict n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. En effet, à en croire le juriste, pour que la procédure togolaise soit considérée comme achevée, les personnes visées par le mandat d’arrêt devraient se rendre au Togo pour confronter les deux présumés complices déjà placées sous mandat de dépôt pour l’établissement de la vérité. Car, selon lui, le Procureur du Tribunal de Grande Instance de Lomé n’a pas encore vidé son sac de preuves sur cette affaire. « (…) Peut-être que ces dernières (ndlr : parlant des complices) mentent », a-t-il souligné. Dans le cas présent, après avoir purgé leur peine de prison au Bénin, si le mandat d’arrêt n’est pas annulé, toute autorité judiciaire dans le monde serait dans l’obligation d’arrêter Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi alias Jojo une fois qu’ils sortiront du territoire béninois, malgré la fin de leur peine au Bénin. Même, a-t-il expliqué, le Directeur général du Centre National d’Investigation Numérique (Cnin), Ouanilo Médégan Fagla, ne serait pas épargné. « S’il pense que la procédure devant la Criet a éteint celle au Togo, qu’il essaye de sortir du Bénin », a-t-il demandé.

Un point non encore évoqué jusque-là, c’est l’implication et le rôle de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme dans cette affaire filandreuse. Pour une rare fois, cette émission a été faite plus d’interrogations que de réponses afin d’éclairer les auditeurs. A en croire ses propos, l’acte des ravisseurs de Steve Amoussou s’apparente à du « recel et blanchiment de crime ». En aucun cas, selon lui, la Criet ne doit pas connaître de ce dossier. « On a kidnappé quelqu’un, et un tribunal a accepté cette situation. C’est comme si la Criet blanchissait tout ce qui s’est passé avant la présentation de l’affaire devant elle », a-t-il déploré.

Opinant sur l’adéquation de la peine des deux ravisseurs condamnés, Gimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi alias Jojo, le juriste du droit des affaires semble rester sur sa faim. « Si l’on se réfère au code pénal béninois, un an de prison ferme n’est pas une peine suffisante pour ce genre de délit. La peine minimale est de 10 ans (…) La Criet n’a pas cherché à approfondir. Elle voulait simplement boucler cette affaire », a-t-il indiqué.

Eros AMAH

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