Selon un communiqué de la présidence, le Chef de l’Etat Patrice Talon sera en visite de travail à la Martinique du 13 au 17 décembre 2023. Ce déplacement s’inscrit dans la dynamique d’une diplomatie territoriale et d’une coopération décentralisée entre le Bénin et la collectivité territoriale de la Martinique. Axée sur des sujets variés tels que la coopération culturelle, artistique, universitaire, économique et touristique, cette visite promet d’approfondir les liens entre ces deux régions.
Lors de son séjour, Patrice Talon fera la découverte de sites emblématiques tels que le Fort Tartenson, lieu de déportation du Roi Béhanzin, et le Mémorial du Cap 110 au Diamant. Le président Talon sera également à la Fondation Clément où se fait l’exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin ». La préfiguration du Musée d’Art contemporain de Cotonou, le MACC va également marquer la visite du Chef de l’Etat béninois. Les échanges sur la coopération entre le Bénin et la Martinique prendront également en compte les projets culturels et éducatifs du Bénin, notamment « le programme d’édification d’équipements culturels et patrimoniaux initié par le gouvernement du Bénin afin de doter son territoire de quatre musées de rayonnement international ». Ce programme concerne essentiellement quatre musées internationaux à savoir : la Maison de la Mémoire et de l’Esclavage à Ouidah (MAME), le Musée des Rois et des Amazones du Danxomè à Abomey (MURAD), le Musée International du Vodun à Porto-Novo (MIV) et le Musée d’Art Contemporain de Cotonou (MACC).
Sur le plan éducatif le projet du « pôle régional d’enseignement supérieur, d’entrepreneuriat et d’innovation, défi de l’excellence africaine du XXIème siècle. », sera abordé par Patrice Talon et son hôte martiniquais. Le campus d’une superficie de 336 hectares à Ouidah, est destiné à accueillir jusqu’à 33 000 étudiants, entrepreneurs, chercheurs et innovateurs.
Polémique
Mais la visite du Président béninois n’est pas du tout vue d’un bon œil par les associations antillaise. Mardi soir, le Mouvement International pour les Réparation (MIR) et le Comité National pour les Réparation (CNR) se sont insurgés contre le choix de la Fondation Clément pour accueillir l’exposition « Révélations ! Art contemporain du Bénin » où les œuvres restituées en novembre 2020 seront exposées. Pour Gabrielle Privat du Comité National des Réparations qui était interrogée par une radio locale, RCI, le choix de ce lieu est « une insulte pour notre histoire et pour la mémoire de nos ancêtres ». Fondée et animée par un descendant d’esclavagiste, La Fondation Clément est en effet abritée par un ancien centre de torture des esclaves en Martinique. Cela explique le refus catégorique des associations de se rendre à cette exposition : « une telle encontre entre l’Afrique et la Martinique où les murs résonnent encore des cris de douleur de nos ancêtres esclaves, heurte profondément ma conscience politique et morale. Participer à un tel événement serait une dissonance émotionnelle avec la mémoire de ceux dont les souffrances persistent dans ces lieux chargés d’histoire », renchérit Serge Letchimy de CNR.