Transformation des matières premières agricoles au Bénin : Martin Rodriguez relève l’incohérence du modèle Talon

Depuis quelques années, le gouvernement béninois a lancé un ambitieux programme d’industrialisation du secteur agricole. L’objectif poursuivi sur le long terme est de pouvoir transformer les matières premières en produits manufacturés avant l’exportation.

Si le projet suscite de l’admiration au Bénin et inspire déjà les pays voisins, il comporte cependant certaines incohérences. C’est du moins l’avis de l’homme d’affaires béninois Martin Rodriguez qui a opiné sur le modèle proposé par Patrice Talon. C’était au cours d’une émission en live sur la page Facebook du web citoyen Vital Panou. Alors qu’il était invité pour se prononcer sur les mécontentements des acteurs de la filière soja, Martin Rodriguez s’est aussi intéressé au programme d’industrialisation que met en place le gouvernement. Depuis 2016, en effet, le président Talon s’est engagé à redynamiser les exportations dans le secteur agricole. L’opérateur économique devenu Chef d’État a initié la création de grandes zones industrielles et commerciales pour donner de la valeur ajoutée aux produits agricoles d’exportations. Dans ce domaine, le Bénin dispose d’un complexe industriel en cours de construction et déjà fonctionnel à Glo-Djigbe, dans la municipalité d’Abomey-Calavi. Plusieurs usines s’y trouvent déjà et sont par exemple spécialisées dans la transformation du coton en tissus et vêtements prêt-à-porter et celle du soja et autres céréales en produits prêts pour la consommation. Mais tout cela ne convainc pas encore Martin Rodriguez qui y voit du régionalisme. «C’est devenu une affaire Nord-Sud ! Si on produit le coton, le soja, le karité, l’anacarde (…) au Nord, quelle est la loi qui interdit de mettre les usines là-bas à côté des lieux de production ? », lance-t-il à l’endroit du gouvernement.

Selon Martin Rodriguez, les normes au niveau mondial recommandent que les industries soient implantées sur place à côté des matières premières. Il ne trouve aucune logique dans ce que fait Patrice Talon dont le gouvernement concentre les zones industrielles et les grands pôles commerciaux dans la partie méridionale du pays alors que les principales plantations des produits d’exportations sont dans le Nord. L’opérateur économique n’a pas hésité à traiter Patrice Talon de « méchant » parce qu’il estime que les producteurs des matières premières ne pourront pas bénéficier de la valeur ajoutée que vont générer ces industries. Lorsqu’on prend la zone industrielle de Glo-Djigbé par exemple, « ce ne sont pas les enfants de producteurs de coton ou de soja qui vont y travailler », argumente Martin Rodriguez. Il propose plutôt que lesdites industries restent au nord afin de créer des emplois pour les enfants des producteurs et dans le même temps faire reculer la précarité et la misère dans les zones de production.

Martin Rodriguez pense aussi que les produits qui sortiront de la zone industrielle de Glo-Djigbé ne seront pas accessibles à toutes la population locale. Il explique cela par le fait que les coûts de fabrication seront plus chers, surtout qu’on va calculer les frais de transport des matières premières depuis les champs jusqu’à l’usine.

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