L’affaire Olivier Boko et Oswald Homéky, liée à une supposée tentative de coup d’État au Bénin, continue de susciter des interrogations et d’alimenter le débat sur la transparence et l’impartialité de la justice béninoise. Dans une interview diffusée sur les réseaux sociaux, Me Ayodele Ahounou, avocat de la défense, a dénoncé une série de manquements procéduraux et une célérité incompréhensible dans le traitement de cette affaire par les magistrats de la CRIET (Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme).
Des critiques sur la procédure d’instruction
Depuis le début de l’enquête, plusieurs « vices insurmontables » auraient entaché la procédure, selon Me Ayodele Ahounou. Parmi les irrégularités relevées, l’avocat pointe la non-transmission complète et conforme du dossier de l’instruction aux avocats de la défense. Cette situation aurait privé la défense de la possibilité d’étudier le dossier dans son intégralité et de préparer ses arguments de manière adéquate. De plus, Me Ahounou dénonce le refus des magistrats de transmettre une exception d’inconstitutionnalité à la Cour constitutionnelle, comme le prescrit pourtant le Code de procédure pénale. Cette décision, jugée inédite et contraire aux principes fondamentaux du droit, soulève des doutes sur l’indépendance et la rigueur des magistrats en charge de l’affaire.
Une décision rendue dans une précipitation troublante
L’avocat de la défense s’étonne également de la rapidité avec laquelle la CRIET a statué sur les demandes de nullité formulées par la défense. « Les magistrats n’étaient pas sous la contrainte d’un délai, mais ils ont agi avec une célérité que rien n’explique », a déclaré Me Ahounou, qui voit dans cette hâte une volonté de contourner les règles du droit et de museler la défense.
Cette précipitation contraste fortement avec la vocation de l’instruction, qui, selon les standards juridiques, doit être impartiale et exhaustive, en recherchant autant les éléments à charge que ceux à décharge. « Nous ne sommes pas face à des juges en quête de vérité, mais à une institution judiciaire qui semble déconnectée de ses propres principes », a-t-il ajouté.
Une affaire aux zones d’ombres persistantes
Depuis leur arrestation le 25 septembre 2024, Olivier Boko et Oswald Homéky sont détenus sans preuves formelles, selon leurs avocats. L’opinion publique reste largement sceptique quant à la réalité des accusations portées contre eux. Les critiques dénoncent une possible instrumentalisation politique de la CRIET, un organisme déjà perçu comme controversé dans la gestion des affaires sensibles. L’affaire Boko-Homéky met en lumière des problématiques récurrentes liées à la justice béninoise, notamment le respect des droits de la défense, la transparence des procédures et l’indépendance des magistrats.