Sénégal : Le PASTEF écrase la concurrence

SONKO & DIOMAYE

Les législatives anticipées du 17 novembre ont permis au parti du duo d’exécutif de renforcer sa mainmise sur la vie politique sénégalaise.

Par Cheikh Ousmane Kane

C’est une page qui se tourne au Sénégal. Après la victoire écrasante du PASTEF à l’élection présidentielle de mars dernier (victoire dès le premier tour), le parti du duo d’exécutif (Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko) a réalisé un raz-de-marée dimanche soir au terme des législatives anticipées convoquées six semaines plus tôt. Sur les 165 sièges à pourvoir, la liste du PASTEF conduite par le Premier ministre Ousmane Sonko enlève 135, laissant la portion congrue à leurs adversaires.

L’ampleur de la victoire du PASTEF est telle que les jeunes responsables du parti avaient en face d’eux deux anciens présidents, Macky Sall et Abdoulaye Wade, le dernier Premier ministre de Macky Sall, Amadou Ba, et le maire de Dakar, Barthélémy Diaz. Majoritaire dans la législature précédente, Takku Wallu, la coalition menée par le prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye s’en sort avec à peine 16 sièges. Quant à la Coalition Jam ak Njarin, la coalition du Premier ministre sortant, elle s’en tire avec seulement 7 sièges. Plusieurs médias locaux rapportent que chacune des figures de l’opposition a été battue dans son bureau de vote.

Sonko, grand gagnant

Seuls 6 des 46 départements du Sénégal ont échappé à la vague “vert et rouge” du Pastef, signant une hégémonie historique sur la vie politique sénégalaise. Pourtant le risque était énorme pour Ousmane Sonko quand il décida d’aller seul à ces législatives anticipées. Un pari qui s’est finalement avéré payant, signant du même coup une revanche personnelle pour le président du Pastef, dont la candidature à l’élection présidentielle avait été invalidée ; ce qui l’avait contraint de revoir ses plans en propulsant au-devant de la scène le président Bassirou Diomaye Faye, élu dès le premier tour avec 54% des voix.
Ousmane Sonko, le véritable chef de l’exécutif voulait une majorité claire pour mettre en œuvre son programme, il a obtenu un plébiscite et ringardisé la vieille classe politique sénégalaise.

Le fiasco Macky Sall

La candidature du l’ancien président fut une véritable surprise sachant les conditions dans lesquelles il a quitté le Sénégal le jour même de la passation de pouvoir. Pour l’ex-chef de l’Etat Macky Sall, tête de liste de la coalition Takku Wallu, composée principalement de l’APR et du PDS de Me Abdoulaye Wade, le retour sur le devant de la scène politique est donc un échec. Absent du pays depuis son départ de la présidence et exilé au Maroc, l’ancien président n’a pas réussi à contrer la vague vert et rouge. Macky Sall a vu plusieurs de ses bastions basculer du coté du pouvoir, à commencer par son fief historique, la région de Fatick (Centre Ouest).

Amadou Ba et Barthélémy Dias

Arrivé second à l’issue de l’élection présidentielle avec 36% des suffrages, Amadou Ba était considéré comme le nouveau leader de l’opposition sénégalaise. À ce titre, la performance de sa coalition était très attendue. Il s’en sort finalement avec moins de 10 députés, mais peut se consoler d’avoir remporté un département symbolique, celui de Podor, dans le nord-est, jusque-là un fief électoral de l’APR, le parti de son ancien leader Macky Sall.
Quant à Barthélémy Dias, élu à la mairie de Dakar dans le cadre d’une coalition avec le Pastef il y a quelques années, il avait à cœur de démontrer qu’il contrôlait Dakar. Pari perdu puisqu’il sera écrasé par le Pastef. La défaite du maire de Dakar face au Pastef d’Ousmane Sonko sonne comme un désaveu pour Barthélémy Dias qui avait fait de la suprématie dans la capitale, une affaire personnelle notamment dans sa rivalité personnelle avec Ousmane Sonko

Ce nouveau revers à Dakar, huit mois après celui de son mentor Khalifa Sall à la présidentielle, constitue un virage décisif dans la quête du leadership tant convoité de la capitale sénégalaise.

Perspectives

Première conséquence d’un tel plébiscite, le vote du budget 2025. Le gouvernement est assuré de le faire passer haut les mains, avec cette majorité écrasante. Mais il y a aussi la lutte contre la corruption. Ousmane Sonko en avait fait le serment, en cas de victoire et de majorité absolue, la Haute Cour de Justice serait installée pour juger les dignitaires de l’ancien régime coupables de corruption et de faits assimilables à de la “haute trahison”. Cette juridiction spéciale est chargée de juger le Président de la République en cas de haute trahison et les membres du gouvernement coupables de crimes ou délits dans l’exercice de leurs fonctions.
L’autre engagement d’Ousmane Sonko, c’est l’abrogation de la loi d’amnesty prise en début d’année pour absoudre les crimes et délits politiques commis lors des crises politiques de 2021 et 2024.

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