L’affaire Steve Amoussou, du nom du compatriote enlevé dans la nuit du 12 août dernier au Togo continue de défrayer la chronique. Cette fois-ci, elle prend une dimension plus dramatique avec les graves anathèmes jetées sur l’honorabilité de dame Victoire Gbaguidi Épouse Amoussou et mère de Steve Amoussou, sur les antennes de BLTV, laquelle aurait eu une liaison avec l’ancien président de la cour suprême, Ousmane Batoko. Des insinuations et des insultes auxquelles la famille a tenu à réagir, par la voix de sa porte-parole, Ella Amoussou, sœur aînée de Steve Amoussou.
Olofofo : Madame Ella Amoussou bonjour et merci d’avoir choisi Olofofo pour vous exprimer.
Ella Amoussou : Avant toute chose, merci d’avoir bien voulu m’accorder cet espace. Je tiens aussi a précisé que cette interview est de mon initiative, espérant que cet aveu saura vous protéger de toutes représailles.
Olofofo : Qu’est ce qui a donc motivé cette initiative ?
Ella Amoussou : Comme vous devez déjà le savoir, une certaine vidéo contenant des allégations contre notre mère circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux et bien évidemment appelle à une réaction.
Olofofo : Après avoir discuté avec quelques personnes à ce sujet, beaucoup espéraient une réaction plus tôt. Certains ont même pris sur eux de réagir pour défendre votre mère. Pourquoi avoir pris ce temps ?
Ella Amoussou : Déjà, je tiens à remercier tous ceux qui ont farouchement défendu notre mère, nous leur en sommes profondément reconnaissants.
Contrairement aux auteurs de cette vidéo, nous ne sommes pas payés pour délirer et intoxiquer l’opinion publique sur les réseaux sociaux. Nous avons tous des occupations qui requièrent notre attention, notre professionnalisme, et surtout de la productivité. Il faut aussi considérer le fait que ce genre d’outrage instigue souvent une forte réaction, il fallait donc avoir assez de sobriété pour attendre que le bruit s’éteigne. Ce n’est que dans le calme que vous pouvez être entendu.
Olofofo : Comment avez-vous eu connaissance des allégations proférées contre votre mère par l’honorable Gbadamassi?
Ella Amoussou : Déjà, il faut dire qu’il n’y a rien d’honorable à Gbadamassi, du moins, pas de ma perspective.
J’étais la première à en être informée après que l’article de Aboubakar Takou m’ait été transféré. J’en ai aussitôt informé mes frères et sœurs. Le lendemain la vidéo de l’interview était partout, et comme vous pouvez vous y attendre, ils étaient tous aussi écœurés que moi.
Olofofo : Quelle a été votre réaction en tant que famille ?
Ella Amoussou : Quelle aurait été votre réaction si on s’en prenait à votre mère ? Votre seul parent et la seule personne qui ait été là pour vous toute votre vie ? On était furieux ! Il faut dire que notre frère aîné a failli en faire une crise cardiaque. En soirée, j’ai envoyé un message audio a notre mère pour m’assurer qu’elle allait bien et la supplier de ne pas laisser ces propos diffamatoires lui voler sa paix. Elle a ri et m’a répondu : “Quand vous savez qui vous êtes, vous n’avez rien à prouver à personne”. Elle a fini en m’assurant qu’elle allait bien et ne souhaiterais pas que je me fasse du mauvais sang.
Olofofo : Connaissez-vous le Président Batoko? Votre famille ou votre mère avaient-elles une relation privilégiée avec lui ?
Ella Amoussou : Bien-sûr que nous connaissons le président Batoko, mais grandement comme une figure politique de notre pays. Toutefois, notre famille a interagi avec lui une fois, il y a un peu plus de 30 ans.
Olofofo : Quelle était l’occasion de votre rencontre ?
Ella Amoussou : Steve devait avoir environ 6 ans et nous devions tous aller en vacances chez notre père, qui à l’époque, vivait au village pour opérer sa clinique. Le chauffeur n’ayant pu nous récupérer et confronté à notre impatience, quelqu’un a suggéré à notre mère de solliciter l’aide du Président Batoko, qui avait sa ferme à Savalou et la visitait presque tous les weekends. Calavi, il y a 30 ans, n’était encore qu’une agglomération où la solidarité et la vie en communauté avait encore un sens. Notre mère a donc effectivement sollicité son aide, ce que monsieur Batoko lui a généreusement accordé. Je ne sais même pas s’il s’en souvient lui-même. Il nous a tous amenés à destination. Il n’est même pas descendu de son véhicule. Notre père l’a chaleureusement remercié, et il s’en est allé. C’est la seule et unique fois de toute notre vie que nous l’avons rencontré, il y a aujourd’hui 33 ans.
Olofofo : Juste pour plus d’éclaircissement, est-ce qu’en grandissant votre frère Steve aurait repris contact avec lui ?
Ella Amoussou : La réponse à cette question est non, et en cela il faut connaître Steve. Steve est casanier, il ne s’aventure pas vers les autres et son cercle de relations est très limité. Il est trop fier pour quémander une quelconque attention ou assistance, il sait se contenter de peu et ne compte que sur sa famille. Steve est franchement la dernière personne à aller vers une autorité telle que le président Batoko avec pour objectif de créer une relation de “fils adoptif”. Il n’y a sur cette terre aucun autre être capable de s’approprier l’éducation de Steve Amoussou, si ce n’est notre mère. Et croyez-moi, elle a fait un excellent travail.
Olofofo : Ayant pris connaissance des révélations de M. Gbadamassi, lesquels des points qu’il a énumérés réfutez-vous ?
Ella Amoussou : Nous réfutons la totalité de ces inepties !
D’abord, il a clamé que notre père et monsieur Ousmane Batoko auraient été camarades de lutte durant le PRPB (selon l’article de Takou), ce qui est absurde ! Notre père faisait parfois des débats d’idées, mais n’a jamais été militant d’un parti politique. Ensuite, il a déclaré dans une insinuation immorale et scandaleuse, que le monsieur Ousmane Batoko serait le père adoptif de Steve et aurait failli à son éducation parce que distrait par sa relation avec notre mère. Finalement il a impliqué et accusé monsieur Ousmane Batoko au même titre que notre frère dans le dossier Hounvi. C’est aberrant, mais personne ne peut sauver l’ignorant qui prétend détenir une vérité, qui n’est autre que le fruit de sa méchanceté perverse.
Olofofo : Comment ont réagi vos proches et les membres de votre environnement immédiat ?
Ella Amoussou : Je peux vous dire avec certitude que notre mère a reçu plus d’amour, de soutien, et de respect ces trois derniers mois que durant les 75 années de sa vie. Je ne vous annonce rien en vous rappelant que la famille Gbaguidi est une très grande famille, et même si on ne peut pas compter sur eux tous comme le kidnapping de Steve l’a prouvé (Greauld Gbaguidi), il n’en reste pas moins que la majorité des Gbaguidi a offert un soutien sans précédent à notre mère. Ses frères et sœurs notamment en sont outrés et la soutiennent inconditionnellement, sans oublier tous ses anciens élèves qui, révoltés, n’ont pas manqué d’exprimer leur dégoût à l’endroit de Gbadamassi. Autre que cette minorité en manque de réflexions critiques, personne n’a accordé du crédit à ses propos malicieux.
Olofofo : Si vous aviez une question à poser à M. Gbadamassi au sujet de ses déclarations, quelle serait-elle?
Ella Amoussou : J’ai une question, mais elle est purement rhétorique, et c’est celle-ci: combien bas pouvez-vous tomber? Il est vrai que le Bénin a prouvé que la politique n’est pas pour des hommes intègres, justes et engagés au bien-être de leur population. Mais de là à s’en prendre à une personne que vous ne connaissez même pas, c’est ahurissant!
L’ignorance, la cupidité et l’indécence de certaines personnes n’ont pas de fond. Vous vous dites qu’elles ne peuvent pas tomber plus bas, mais chaque jour, elles font le choix conscient de vous prouver le contraire.
Olofofo : Quelle est votre opinion des propos de M. Gbadamassi?
Ella Amoussou : Il y a un mot pour ce genre de déclarations, et ça s’appelle des “affabulations”. Nous avons tous vu l’interview du Pdt Batoko, et j’ai encore du mal à comprendre à quel moment il aurait manifesté une quelconque “haine vicerale” à l’endroit du président. Mais motivé par ce besoin constant de rappeler au pouvoir en place qu’il est prêt à tout pour le servir, Gbadamassi a choisi se lancer dans des affabulations dégradantes, non pas pour notre mère ou le Pdt Batoko, mais dégradantes pour lui. Une âme vide de sagesse ne peut trouver son confort que dans la perfidie et il en est la preuve.
Il faut dire que nous ne percevons pas Gbadamassi comme quelqu’un qui, en aucune mesure, à la capacité de ruiner la réputation de notre mère, car pour cela il faudrait déjà que lui-même en ait une qui en vaille la peine. J’aurais voulu qu’il ait une mère comme la nôtre. Malheureusement, c’est une grâce que peu ont. L’argent peut vous procurer pas mal de choses, mais l’amour d’une mère, la bonne éducation et la décence humaine n’en font pas partie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le caractère est important. Tant que vous n’avez pas le caractère et les valeurs morales qui vont avec, les titres que vous portez en société ne valent rien.
En définitive, il faut comprendre que personne ne peut donner ce qu’il ne possède. Si vous n’avez pas de bonté en vous, il est impossible d’en donner. Si vous ne vous respectez pas, il est impossible de respecter les autres et par conséquent, d’être respecté. Pour nous, il ne fait donc aucun doute que l’amour, l’appréciation et le respect d’une mère sont des choses dont Gbadamassi est foncièrement dépourvu.
Notre mère a jumelé les cours et des travaux dirigés dans plusieurs écoles du second cycle pour prendre soin de nous, et tout Calavi peut témoigner de ses sacrifices. Absolument personne n’a été là pour nous, si ce n’est elle. Elle a dû encaisser son assurance vie pour envoyer Steve en Israël, et aujourd’hui on attribue tous ses efforts à un homme dont le seul crime est de nous avoir conduit chez notre père il y a trois décennies ? Heureusement que le ridicule ne tue pas l’éhonté!
Olofofo :De votre point de vue, quelle était l’intention derrière ces déclarations?
Ella Amoussou : D’abord, on a essayé de faire croire au monde que Steve est un soulard, alors que même dans sa détention actuelle, on lui reproche de prendre trop de sucrerie. Après, on a essayé de le présenter comme un escroc qui aurait pris 10 millions à une personne inexistante qui lui aurait fait un transfert oral ; alors que la veille même de son enlèvement (Le 11 Août 2024), je venais juste de lui faire un transfert Moneygram pour qu’il prenne soins de lui. Si Steve avait 10 millions, il ne m’aurait jamais laissé dépenser. Ce transfert non encaissé est toujours disponible comme preuve. On a ensuite déclaré qu’on avait son portable et que des informations révélant ses sources en tant que Hounvi et prouvant sa culpabilité étaient à la disposition de la justice Béninoise. Ce qui, bien entendu, s’est révélé faux considérant le report du procès du 7 Octobre qui laisse deviner un manque de preuves à son encontre. Plus tard, il a été dit que son frère jumeau avait aussi été arrêté en raison d’une soi-disant implication dans le dossier, ce que nous savons est archi-faux. On a également divulgué que notre mère aurait accepté du gouvernement un don monétaire en échange de son silence, il faut ne pas la connaître pour ignorer qu’elle donnerait sa vie pour son fils. Maintenant c’est à Gbadamassi qu’on a laissé la tâche de s’en prendre encore à elle en lui jetant l’opprobre dessus, et vous voulez savoir pourquoi ? C’est ce qu’on appelle “une destruction de la personalite”, et ceci se définit par l’effort persistant de vouloir négativement dépeindre une personne et si possible son entourage immédiat, de sorte à leur faire perdre toute crédibilité morale et tout soutien dont ils bénéficieraient.
Alors, si toutes les machinations précédentes se sont prouvées infondées, qu’est-ce qui convainc les quelques-uns qui croient en ces allégations, que ces dernières en date sont avérées ? Et surtout, a quoi d’autres devons-nous nous attendre ? Peut-être que demain, ce serait moi qui serais présentée comme une prostituée qui vendrait des nouveaux-nés à Tokpa, ou mes frères comme des braqueurs et mes sœurs comme des sorcières ?!!! C’est rocambolesque ! Vous savez, parfois, il faut simplement savoir s’arrêter ! Gbadamassi n’a pas à en faire autant pour prouver au président qu’il est inconditionnellement à sa solde. Le président autant que le peuple le savent déjà, et il l’a longuement prouvé. Alors nul besoin d’une crise de puberté tardive au dépend de notre mère.
Ils voulaient désespérément Steve en prison, et à cette fin, des lois, mêmes internationales, ont été violées. Le dossier Steve Amoussou n’est pas un dossier criminel, c’est un dossier politique auquel on essaie de donner de la légitimité. Contre loi, droits et justice, vous le détenez, que voulez-vous d’autre ? C’est une question valide !
Olofofo : Avez-vous l’intention d’engager une action judiciaire contre M. Gbadamassi?
Ella Amoussou : (Rire) À quelle fin? À qui porterons-nous plainte ? Ce genre de choses n’est faisable que dans un état de justice, un état de droit. Rendons-nous à l’évidence, c’est sûr de l’impunité dont bénéficient ses propos et agissements depuis longtemps, que Gbadamassi s’est permis de faire pareilles allégations contre des personnes qui sont hors de sa portée quand on en vient à la dignité humaine.
Gbadamassi est responsable de cet affront, mais cela a été grandement possible grâce à Aboubakar Takou qui lui a offert une plateforme pour déverser son venin. Ils savent tous les deux qu’aucune de leurs initiatives n’est entreprise par souci de vérité et de justice, mais uniquement pour intoxiquer l’opinion publique.
Dans un pays où toute personne militant pour les droits de l’homme et le respect des lois en vigueur est jetée en prison sans raison valable, et les journalistes en quête de vérité et de démocratie sont convoqués par la HAAC, imaginez Gbadamassi et Takou lançant des accusations infondées sans jamais s’inquiéter des conséquences de leurs actes. Il faut croire qu’il n’y a de diffamation au Bénin que quand le pouvoir en place se sent indexé. Dans ces conditions, sur qui devons-nous compter pour nous faire justice ? Rappelez-vous, c’est ici au Bénin que des criminels sont venus libres à leur procès et la victime de leur crime est venue menottée, c’est encore au Bénin qu’un procureur censé défendre les intérêts de la victime, a activement œuvré en sa défaveur. En conséquence de quoi, les criminels ont été récompensés et leur victime mise en détention. C’est pourquoi le doute que j’exprime est fondé.
Cependant, vu que Gbadamassi a fièrement promis de soutenir ses allégations devant n’importe quel tribunal, nous nous ferons un plaisir d’honorer cette invitation à l’action. Au moment opportun, j’espère autant pour lui que pour Takou qu’ils auront toutes preuves nécessaire disponibles et tous leurs témoins à portée de main. Ils en auront besoin.
Olofofo : M. Gbadamassi semblait convaincu de ses déclarations, ne craignez-vous donc pas qu’il ait des preuves soutenant ses propos ?
Ella Amoussou : (Rires) Il n’y a sous ce soleil aucune preuve qui témoigne de ces allégations et Gbadamassi lui-même le sait. Il n’y a rien en cette vie dont je suis plus certaine. Il a pris un risque inutile. Je le défie au prix de ma vie de soumettre publiquement les preuves de ces allégations.
Pour en venir à ladite conviction dont Gbadamassi aurait fait preuve durant son interview, n’oubliez pas que dans le souci de convaincre, le mensonge est généralement bruyant et lâche.
Olofofo : Avez-vous un mot de fin?
Ella Amoussou : Quand votre vie n’est pas nourrie d’amour, ça se sent et ça se sait. Vous pouvez prétendre le contraire à cor et à cri, mais l’ignominie dont vous faites preuve en société le prouve toujours. Une mère, c’est sacré. Vous pouvez choisir de manquer de respect à la vôtre, mais rien ne vous octroie le droit de manquer de respect à la mienne. Je puis vous assurer que malgré le dégoût que Gbadamassi et Takou m’inspirent aujourd’hui, ils ne m’offenseront jamais assez pour que je me permette de manquer de respect à leurs mères, c’est ça la bonne éducation. C’était une erreur de s’en prendre à notre mère parce que l’impunité dont ils jouissent aujourd’hui est éphémère comme tout autre chose.
Ces derniers mois ont été éprouvants, mais aussi très édifiants. En tant que famille, nous nous sommes découvert une certaine unité farouche qu’on ne connaissait pas, et un nouveau cercle de solidarité et d’amour s’est créé autour de nous. Au-delà des distractions que certaines personnes peuvent causer volontairement ou sur commande, l’unique priorité de notre famille reste le bien-être et la survie de notre frère Steve. Il y a une limite au mal que l’on peut faire aux autres, parce qu’au bout du rouleau, le spirituel absout le physique.
Pour ma part, il n’y aura jamais de plus grand honneur que celui d’avoir une mère aussi exceptionnelle que la nôtre, et de pouvoir la défendre publiquement contre des diffamateurs infâmes dépourvus d’éthique.
L’amour que nous portons à notre mère ne mérite pas moins.
Olofofo : Madame Amoussou, merci !
Propos recueillis par Comlan Hugues Sossoupkè