Les Démocrates font la gueule depuis lundi soir. Boni Yayi et les siens n’ont rien vu venir de la crise née de leur rencontre avec le Chef de l’État, et ne semblent même pas en mesure de riposter. Ils avaient pourtant annoncé cette rencontre comme une importante victoire d’étape, après les exigences formulées quelques semaines plus tôt par leur nouveau Président, Boni Yayi. Le prédécesseur de Patrice Talon au Palais de la Marina avait en effet écrit à des organisations internationales auxquelles appartient le Bénin pour demander leur intervention afin d’obtenir une révision du cadre réglementaire et institutionnel des élections. Ce cadre, rappelait-il, avait été installé au forceps en 2019, suite à l’exclusion de l’opposition des législatives organisées la même année. Absente de l’Assemblée Nationale, l’opposition n’a pu participer aux débats sur la modification de la constitution, encore moins aux lois et aux organes qui en ont découlé. Non plus, elle n’a eu l’occasion de veiller à la régularité et à la transparence de la liste électorale.
La ruse de Talon…
C’est officiellement pour aborder toutes ces questions que le Président Patrice Talon a invité les Démocrates à cette séance de travail au Palais de la présidence. Une invitation rapide que le parti a célébrée avec effusion puisque, jusque-là, Patrice Talon était resté hermétique à toute discussion sur ‘’ses’’ réformes institutionnelles.
Enthousiastes, certains parmi eux avaient même pensé et dit que la réaction du locataire de la Marina était le signe de sa panique face à la reprise en main du parti par son prédécesseur et ennemi intime, Boni Yayi. C’était mal le connaitre. C’était surtout la preuve que l’organisation présentée comme « le plus grand parti de l’opposition » béninoise n’avait toujours rien compris de l’importance desdites réformes ainsi que des prisonniers politiques pour la survie politique de leur auteur.
Méthodiquement et aussi patiemment qu’un caïman, le Chef de l’État a entraîné Boni Yayi et sa troupe dans son marigot, avant de laisser le piège, qu’il avait préparé, se refermer sur eux. Il n’avait aucune intention de céder quoi que ce soit à ses adversaires pour lesquels il n’a que du mépris. Et en toute vraisemblance, ses collaborateurs et lui étaient les seuls à le savoir.
De fait, la séance du 27 novembre, filmée dans ses moindres détails, ne visait qu’une seule chose : tourner en ridicule le Président Boni Yayi et les cadres de son parti, en démontant point par point chacun de leurs arguments. Patrice Talon n’avait pas oublié le camouflet que l’opposition lui avait infligé en février 2019 lors de la séance qu’il avait tenue avec eux pour tenter de les vaincre sur le terrain des idées, alors qu’il lui était reproché de surinterpréter la charte des partis politiques pour écarter ses adversaires des élections législatives. Ce soir-là, Éric Houndété et Candide Azanaï avaient réussi à exposer la supercherie de leur protagoniste. Patrice Talon a donc préparé sa revanche pendant presque cinq ans et s’y est donné à cœur joie.
… Contre l’amateurisme de Yayi
En plus de démontrer que le Président de la République ne cèdera pas d’un iota sur ‘’ses’’ réformes, ni sur le dossier des prisonniers et des exilés politiques, les petites séquences vidéo, opportunément lâchées dans l’opinion, visaient à humilier et à décrédibiliser ce parti qui se pose comme une alternative à Patrice Talon. De fait, le Chef de l’État n’a eu aucun mal à démonter les arguments des Démocrates. D’un seul revers de main, il a balayé leur demande relative à la représentation de l’opposition au sein de la CENA et de la Cour Constitutionnelle, en prenant à témoin la victoire de Boni Yayi à l’élection présidentielle de 2006. « Combien de représentants aviez-vous à la CENA et à la Cour Constitutionnelle quand vous aviez été élu ? » Cette question, lancée comme un uppercut à son prédécesseur, laissera Boni Yayi sans réaction. Touché !
Mais le moment le plus hallucinant de ces échanges, ce sera lorsque l’ancien vice-président de l’Assemblée Nationale demandera avec la naïveté d’un enfant, au Chef de l’Etat, de « faire démissionner un membre de la Cour Constitutionnelle » afin de permettre à l’opposition de placer un des siens. La requête était si lunaire que Boni Yayi lui-même « ne l’a pas bien entendue ». Le ballon des revendications politiques lancé en grande pompe le 10 novembre par Boni Yayi est dégonflé. La vie politique béninoise pourra reprendre sa routine.
Sans réaction
Sonnés et plus déboussolés les uns que les autres, les membres de la délégation LD n’ont pas été davantage vigilants lorsque Patrice Talon a décidé de délivrer son sermon sur « la manipulation des jeunes », tout en évitant soigneusement de revenir sur les causes premières des manifestations. Pas plus que Boni Yayi ou Éric Houndété, Nouréinou Atchadé et Léon Ahossi n’ont pas eu le courage de rappeler au Chef de l’État que sa politique d’exclusion systématique de l’opposition des processus électoraux était l’unique responsable des troubles qui l’ont conduit à faire arrêter et jeter en prison des dizaines de jeunes. Ils n’ont pas eu le courage de lui faire remarquer que rien que les instructions qu’il a données à ses ministres, de faire libérer les jeunes étudiants, étaient la preuve qu’il ne se gênait pas pour manipuler et instrumentaliser les institutions quand il en avait besoin.
En définitive, l’impression qu’ont laissée à l’opinion publique le Président Boni Yayi et les cadres de son parti, c’est celle de l’impréparation, peut-être même de l’amateurisme d’un parti d’opposition qui concentre en son sein des hommes politiques expérimentés qui, après presque huit ans de pouvoir Talon, étaient supposés connaître la méthode et la personnalité de leur vis-à-vis. « On ne dialogue pas avec un dictateur », avait dit un jour un ancien allié du régime, Candide Azanaï.
Sans réaction
Sonnés et plus déboussolés les uns que les autres, les membres de la délégation LD n’ont pas été davantage vigilants lorsque le président Talon a décidé de délivrer son sermon sur « la manipulation des jeunes », tout en évitant soigneusement de revenir sur les causes premières de ces manifestations. Pas plus que Boni Yayi ou Éric Houndété, Nouréinou Atchadé, Léon Ahossi et Guy Mitokpè n’ont pas eu le courage de rappeler au chef de l’État que sa politique d’exclusion systématique de l’opposition des processus électoraux, était l’unique responsable des troubles qui l’ont conduit à faire arrêter et jeter en prison des dizaines de jeunes. Ils n’ont pas eu le courage de lui faire remarquer que rien que les instructions qu’il a données à ses ministres, de faire libérer les jeunes étudiants, étaient la preuve qu’il ne se gênait pas pour manipuler et instrumentaliser les institutions quand il en avait besoin.
En définitive, l’impression qu’ont laissé à l’opinion publique le président Yayi et les cadre de son parti, c’est celle de l’impréparation, peut-être même de l’amateurisme d’un parti d’opposition qui concentre en son sein des hommes politiques expérimentés, et qui après presque huit ans de pouvoir Talon, étaient supposés connaître la méthode et la personnalité de leur vis-à-vis. « On ne dialogue pas avec un dictateur », avait dit un jour un ancien allié du régime, Candide Azanaï.