Le ministre de la Culture n’a pas donné de nouvelles depuis la biennale d’arts contemporains de Venise. Sa démission aurait été refusée.
Depuis la participation du Bénin à la 60ᵉ Biennale d’Art international de Venise (Italie) en avril dernier, le patron du ministère de la Culture brille à Cotonou par son absence. Jean-Michel Abimbola qui conduisait la délégation béninoise et a participé à l’inauguration du pavillon du Bénin pour cette Biennale n’est plus jamais rentré au pays. Depuis, ces collaborateurs au ministère de la Culture s’interrogent sur cette disparition étrange de leur patron.
Selon une source bien introduite, le ministre béninois du tourisme et de la Culture serait en France avec sa famille depuis quelques semaines. Jean-Michel Abimbola a présenté sa démission récemment à Patrice Talon qui l’aurait rejetée. La preuve que plus rien ne va vraiment entre les deux hommes. C’est donc pour éviter d’éventuelles représailles de la part de son ami d’enfance et patron au gouvernement que Jean-Michel Abimbola se serait réfugié à Paris avec sa petite famille. Dans son entourage, on nous confirme cependant qu’« il n’est pas gravement malade ni en assistance hospitalière » et que c’est plutôt une fuite bien préméditée, car le ministre a pris le soin de « vider son bureau de ses effets personnels » avant de partir. Ce refus du ministre de rentrer au pays serait simplement dû au fait « qu’il a été remplacé dans tous les conseils d’administrations dans lesquels il siégeait », explique un proche du pouvoir. Un isolement qui n’a certainement pas été du goût de celui qui a longuement fait ses preuves à la tête du département du tourisme et de la culture.
Chose étrange dans cette affaire de disparition mystérieuse et d’abandon de poste, ni le gouvernement, encore moins son chef, n’ont réagi jusque-là. Peut-être que Patrice Talon cherche les moyens de ramener son ministre à la raison afin de préserver l’équilibre de son gouvernement durement fragilisé par une série de démissions et de limogeages ces Derniers mois. Il ne sera pas à l’avantage du président béninois, dont l’agenda officiel serait de terminer en beauté son magistère à la tête du pays en 2026. Mais cette hypothèse n’est pas partagée par certains proches du pouvoir qui parlent plutôt d’une prudence de la part de Patrice Talon qui redoute le poids politique et la force de déstabilisation de Jean-Michel Abimbola. « Si le Président hésite à le remplacer officiellement [à la tête du ministère], ça pourrait aussi s’expliquer par le fait qu’il pourrait se retrouver à l’Assemblée nationale et s’ajouterait peut-être aux frondeurs partisans d’OB (Olivier Boko, ami de Patrice Talon qui brigue lui aussi la présidence en 2026, NDLR) », surtout lorsqu’on se souvient que le ministre disparu « a été le chef de la majorité à l’Assemblée nationale avant de rejoindre le gouvernement ».
Patrice Talon, qui est déjà lâché par Oswald Homéky, un de ses fidèles compagnons politiques du même parti que le ministre de la Culture, se retrouve ainsi dans un véritable dilemme. Pour le moment, il serait difficile pour le président de limoger son ami d’enfance et de passer à autre chose. Cela pourrait inciter les autres soutiens d’Olivier Boko tapis dans l’ombre à déserter le gouvernement. De son côté, Jean-Michel Abimbola aussi ne veut pas prendre le risque d’exposer sa famille à des persécutions. Alors, dans ces conditions, « le chef qui se trouverait dans un dilemme pourrait laisser un ministère sans chef afin de ne pas embrouiller les choses à l’Assemblée nationale ? », s’interroge un observateur politique
