La décision du Tribunal de Première Instance de Dakar était attendue mardi soir, après l’audience qui s’est tenue le même jour, elle sera finalement rendue le jeudi 14 décembre. Ce mardi, 12 décembre 2023, le tribunal de grande instance de Dakar a écouté les avocats de l’opposant sénégalais le plus en vue, et ceux de l’État au sujet de la réintégration ou non d’Ousmane Sonko dans la listes électorale. Il en avait été radié en août dernier suite à sa condamnation à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». Le Pastef, son parti, dénonce une décision illégale étant donné que la condamnation en question avait été prononcée par contumace et que son leader n’a pas été rejugé dès son arrestation, conformément au code de procédure pénale sénégalais.
Par Cheikh Ousmane Kane (Dakar)
Les arguments de l’opposant
À l’ouverture de l’audience ce mardi matin dans une salle bondée de sympathisants d’Ousmane Sonko, l’opposant était représenté par 35 avocats, la partie adverse par cinq avocats et par l’Agent judiciaire de l’Etat.
Les premières interventions des plaignants se sont concentrées sur le président Macky Sall à qui ils reprochent de “s’acharner sur Sonko” pour ne pas avoir “digéré d’être écarté du troisième mandat”. Ils ont remis en cause la radiation d’Ousmane Sonko des listes électorales qui ne lui aurait été notifiée ni dans les formes, car sans l’affichage prévu par la loi, ni dans les temps, car cinq jours après l’arrestation du prévenu. Ils ont également qualifié le ministre de la Justice, Ismaela Madior Fall, “d’analphabète en droit pénal” pour avoir évoqué la radiation de leur client sur des plateaux de télévision alors que celle-ci n’était pas effective, selon eux.
Réponse de l’État
Selon eux, Ousmane Sonko est “victime d’un abus de pouvoir par des agents de l’Etat”. Enfin, ils ont mis en garde contre une démolition de la démocratie.
Des accusations que les avocats de l’État ont balayées du revers de la main. Pour eux, l’unique responsable de la radiation d’Ousmane Sonko des listes électorales, c’est Ousmane Sonko lui-même. « Il avait un délai pour agir il ne l’a pas fait », a fait remarquer un des avocats de l’état.
Délais courts
Le 17 novembre dernier, la Cour suprême du Sénégal avait cassé un jugement précédent prononcé à Ziguinchor et qui ordonnait l’annulation de la radiation de l’homme politique. La Cour suprême avait jugé que cette radiation devait être rejugée en première instance d’où l’audience de ce mardi.
Quel que soit le jugement du tribunal, les deux parties auront dix jours pour faire appel. Or, les dossiers de candidatures pour la présidentielle doivent être déposés devant la Cour constitutionnelle d’ici au 26 décembre. Les délais seront difficiles à tenir pour Ousmane Sonko, même si la justice devait lui donner raison.
