A défaut du Triomphe de fin de mandat unique… L’éditorial d’Arimi Choubadé

Le Bénin, comme dans un profond sommeil, à moins de 15 mois des élections générales : législatives, présidentielles et municipales annoncées dès janvier 2026. Pourtant personne n’ose lancer les hostilités. Opposants comme partisans du régime observent un curieux attentisme. Aux antipodes de l’effervescence habituelle qui s’emparait de tous les états-majors politiques au moins deux ans avant chaque élection depuis 1990. Cette fois-ci où tous les scrutins majeurs sont dans les starting-blocks, point de perspective ni individuelle ni collective. Même au niveau des 3 partis tolérés au parlement par le système des exclusions, aucune voix ne s’élève. 

Le côté timoré de l’opposition peut se comprendre aisément après la féroce répression sur ses potentiels porte-étendards à la présidentielle de 2021. Tous ont été recalés avant même le scrutin. En février 2021, l’ancien ministre Ganiou Soglo, le premier à faire officiellement acte de candidature, s’est fait évacuer sur Paris suite à une fusillade mortelle. Un mois plus tard, le 03 mars 2021, l’ancienne Garde des Sceaux Reckya Madougou, spectaculairement arrêtée en pleine circulation sur le pont de Porto-Novo, subit depuis lors un bagne sévère après un jugement puis une condamnation à 20 ans de prison pour terrorisme. Le 15 avril 2021, c’est le tour du professeur d’université Joël Aïvo de rejoindre les geôles du régime de la rupture, jugé et condamné à 10 ans pour blanchiment d’argent. Toutes ces 3 figures de l’opposition ont déposé leurs candidatures respectives pour le scrutin tenu le 11 avril 2021 ; candidatures toutes refusées par les organisateurs nommés par le régime.

Dans la foulée, plusieurs autres attestations ont eu lieu : étudiants, fonctionnaires, paysans, hommes politiques… Les rescapés, entre clandestinité et panique, se sont agglutinés dans le seul parti de l’opposition “toléré” à l’Assemblée nationale depuis les législatives 2023 au bout d’un scrutin rocambolesque dont les résultats sortis des urnes, bureau de vote par bureau de vote, ont été déclarés caducs avant leur proclamation. En lieu et place, c’est la compilation de l’instance en charge du scrutin contrôlé à 100% par le régime dit de la rupture qui a servi de résultats. No comment !

Si la terreur peut se justifier du côté des opposants tétanisés à l’idée de livrer à nouveau un ou des moutons sacrificiels trop tôt, le somnambulisme des partisans de Talon se comprend moins surtout que leur champion est au bout du rouleau et ne peut plus se présenter sauf cataclysme constitutionnel improbable. Lui qui en 2016 avait juré de faire un mandat unique avant de se raviser pour s’offrir un deuxième avec un bonus de 45 jours sur le premier. Lui qui avait promis à l’époque de se faire porter en triomphe par les Béninois. Après le rendez-vous manqué du triomphe de fin du mandat unique au départ, c’est la terreur et la méfiance agrémentées par une vague d’exils des jeunes qu’on observe vers la fin du second. Pourtant tout avait commencé par une promesse de miracle et de magie au terme de 5 ans devant le témoin de prestige François Hollande en avril 2016 depuis l’Elysée. Ni miracle ni magie, 8 ans et demi après. 

Rien n’est tard si le mandat se prolonge ?

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