BÉNIN / POLITIQUE : Qu’est-ce qui fait courir Rachidi Gbadamassi ? L’ancien député originaire de Parakou semble tenir dans l’affaire de coup d’État présumé, une occasion en or pour revenir au-devant de la scène. Sa cible : Les Démocrates.

Rachidi Gbadamassi

La politique offre toujours des occasions de revanche. C’était vrai pour Mathieu Kérékou évincé du pouvoir en 1991 après presque 20 ans d’un pouvoir sans partage, c’est vrai pour Patrice Talon qui a dû abandonner par le coffre d’une voiture les avantages d’un pouvoir dont il était le parrain, avant de revenir s’installer au palais présidentiel. C’est sans doute vrai aussi pour Rachidi Gbadamassi qui a trouvé dans la crise qui secoue actuellement le régime de Patrice Talon, une occasion en or pour régler ses comptes avec ceux qu’il accuse d’être responsables de son sevrage politique.

Rachidi Gbadamassi a repris du service. L’ancien député de Parakou est sur tous les plateaux depuis l’arrestation, le 23 septembre dernier, de l’homme d’affaires Olivier Boko. L’ex-bras droit du président Talon et l’ancien ministre des sports, Oswald Homéky, sont en effet en détention depuis environ un mois pour des accusations de tentative de coup d’État dont l’opinion est de moins en moins convaincue. Qu’importe ! Pour l’animal politique, l’occasion était trop belle pour ne pas tenter de fragiliser des adversaires politiques aussi coriaces que Les Démocrates.

La rancune tenace

Élu sans discontinuer à l’Assemblée nationale depuis 2003, l’ancien maire de Parakou a été écrasé par la vague des Démocrates lors des législatives de janvier 2023 et se tient pour la première fois depuis 20 ans, loin des activités du parlement. Un sevrage qui passe mal auprès de l’homme. Depuis, Rachidi Gbadamassi ronge son frein. D’autant plus que personne n’arrive à lui enlever de la tête que Les Démocrates n’ont pas gagné à la loyale la bataille qu’il a perdue le 8 janvier 2023 dans les urnes. Et même si rien, pour l’instant, ne relie les responsables du parti de Boni Yayi à l’affaire dite de tentative de coup d’État, Rachidi Gbadamissi n’en a rien à faire. Pour lui, Éric Houndété et Nourénou Atchadé seraient des amis d’Olivier Boko. Donc ils seraient forcément au courant des projets de l’homme d’affaires. Il s’étonne même presque que la CRIET ne se soit pas intéressée à eux.

Repositionnement

La dernière fois que Rachidi Gbadamassi a été élu, aucun parti de l’opposition ne participait à l’élection. C’était en avril 2019 avec l’élection de la fameuse 8e législature installée manu militari à l’issue d’un processus chaotique. L’ancien maire de Parakou sait qu’il n’aura aucune chance face aux Démocrates. Il croit surtout que de son zèle actuel à soutenir une théorie à laquelle personne ne croit dépendra sans doute son retour en grâce auprès d’un Patrice Talon de plus en plus seul, et qui a besoin de se constituer un nouveau noyau dur de soutiens politiques. Car Patrice Talon ne l’apprécie que très peu, et il le sait. Le chef de l’État connaît mieux que quiconque son côté sulfureux et s’en méfie. Mais Rachidi Gbadamassi se tient prêt au cas où le chef de l’État aurait besoin de réservistes pour dépanner lors des prochaines élections générales.

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