Le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, cinq (5) mois après sa prestation de serment, a, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par l’article 87 de la Constitution, après consultation du Conseil Constitutionnel, du Premier Ministre et du Président de l’Assemblée nationale, dissout l’Assemblée nationale. Il convoque, pour ce fait, le corps électoral pour les élections législatives anticipées pour le 17 novembre prochain. C’est la principale information de son discours à la nation de la soirée de ce jeudi 12 septembre 2024.
Finie la récréation
Ou du moins, fini le blocage institutionnel au niveau du parlement sénégalais. Comme s’y attendaient beaucoup d’observateurs de la politique du pays de la Téranga, le Président de la République a mis fin au mandat des députés élus, le 31 juillet 2022. Dans son discours à la nation, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a d’abord fait la genèse des différents obstacles institutionnels que lui a posés l’Assemblée nationale dont la majorité des députés sont opposants à son régime.
« …la majorité parlementaire a décidé de ramer à contrecourant de la volonté du peuple Sénégalais, pourtant clairement exprimée au soir du 24 mars 2024. D’abord, en refusant, le 29 juin 2024, de tenir le débat d’orientation budgétaire pourtant obligatoire, pour le motif simpliste d’une supposée attaque reçue sur le terrain politique. Cette violation d’une obligation légale prévue par l’article 56 de la loi organique relative aux lois de finances aura gravement contribué à ternir l’image du Sénégal aux yeux des institutions internationales », a-t-il fait constater.
Allant dans le même sens des blocages de la majorité parlementaire composés de 83 députés du régime de Macky Sall sur les 165 que compte le parlement, le Président sénégalais a cité le rejet, le jeudi 29 août 2024 dernier, du projet de révision constitutionnelle visant à concrétiser la promesse de campagne électorale, celle de supprimer le Haut Conseil des Collectivités territoriales (Hcct) et le Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese), considérés comme des institutions budgétivores, alors que la situation des finances publiques du pays impose urgemment de rationaliser les dépenses publiques.
La goute d’eau qui a fait déborder le vase !
Selon lui, les députés sont allés trop loin ‘’en allant jusqu’à l’usurpation des prérogatives constitutionnelles du Président de la République pour fixer une date pour la Déclaration de politique générale, en violation flagrante de l’article 84 de la Constitution et de l’article 97 de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Sans parler de la menace d’une motion de censure que cette majorité fait planer sur le gouvernement du 1er Ministre, Ousmane Sonko.’’« L’ordre politique, sous mon magistère, ne supplantera jamais l’ordre légal », a-t-il rassuré avant d’ajouter : « il y allait donc de mon devoir juridique, éthique et moral de ne céder la moindre parcelle de tolérance aux contempteurs de la Loi. J’en ai donc conclu, que le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire, dans le seul intérêt du peuple Sénégalais était une illusion. »
Ainsi, usant des prérogatives que lui confère l’article 87 de la Constitution, et après avoir consulté le Conseil Constitutionnel, le Premier Ministre et le Président de l’Assemblée nationale, il a dissout l’Assemblée nationale. Pour éviter un vide juridique, il a fixé la date du 17 novembre 2024, pour de nouvelles élections législatives.Le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye s’en remet au peuple sénégalais pour l’avenir de son pays. « L’article 3 de notre Constitution rappelle que la souveraineté nationale appartient au peuple. Ce faisant, le peuple est invité à reprendre ses titres d’habilitation et à décider souverainement si l’Assemblée nationale doit refléter les aspirations profondes de changement qui se sont exprimées au soir du 24 mars 2024 ou si elle doit demeurer encore le dernier avatar bloquant d’un régime déchu », a-t-il lancé.