Après leur départ de la CEDEAO, l’opinion publique s’attendait à ce que les trois pays africains qui se sont regroupés au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) quittent également la zone monétaire ouest-africaine. Pour l’instant, ce ne sera pas le cas. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso vont continuer à rouler le Franc CFA comme monnaie dans les échanges économiques.
Partis de la CEDEAO, mais toujours membres de l’UEMOA. C’est ce qui semble pour l’heure être la stratégie des pays de l’AES. Après avoir claqué la porte de la CEDEAO le dimanche 28 décembre, plus personne ne devrait être surpris de leur retrait de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Mais ce ne sera pas pour de sitôt, en effet. En visite chez le président Faure Gnassingbé du Togo, le ministre malien des Affaires Etrangères, Abdoulaye Diop, annonce que son pays demeure membre de l’UEMOA jusqu’à nouvel ordre. Ce qui devrait être le cas pour les deux autres déserteurs de la CEDEAO. Conséquence, le Mali, le Niger et le Burkina Faso vont continuer à avoir le FCFA en partage avec plusieurs autres Etats de la communauté sous-régionale.
Cependant, leur retrait de l’UEMOA devrait finir par arriver tôt ou tard, estime Samba Sylla, un économiste sénégalais. Ce dernier, dans des propos relayés par la DW Afrique, explique que « ces pays se préparent pour faire ce qu’il faut, c’est-à-dire créer leur monnaie nationale, ou une monnaie commune ». Il rappelle que leur idéal commun était de chasser la France qui continue tout de même d’avoir une ingérence dans la gestion du Franc CFA. « Il serait normal, logique de sortir du système CFA qui est un instrument répressif qui est utilisé contre des pays qui seraient en froid avec la France », analyse Samba Sylla. Une analyse en phase avec les propos du président burkinabé Ibrahim Traoré qui a indiqué que son pays ne reviendrait pas sur son départ de la CEDEAO et qu’il ne tarderait pas à s’attaquer à la question de la monnaie.
Par contre, un autre expert togolais croit plutôt qu’un compromis sera mis en place pour maintenir les trois pays sahéliens au sein de la zone CFA. « Il y a une négociation qui va avoir lieu sans hypocrisie entre Africains. La position de certains des pays de l’UEMOA qui, souvent, sont en phase avec l’AES, n’est pas celle qui est dite officiellement. Si ce consensus est trouvé, ce qui dérange va être mis sur la table, à commencer par la monnaie. Si un accord est trouvé, ce n’est pas sûr que ce soit l’AES qui quitte l’UEMOA, mais des pays de l’UEMOA qui rejoignent les idées de l’AES », a confié l’économiste Yves Ekoue Amaizo à nos confrères de la radio allemande.
Une chose est certaine, le Niger, le Burkina Faso et le Mali n’ont pas encore évoqué la création d’une nouvelle monnaie pour l’heure. Leurs mésententes avec les dirigeants des autres pays de la sous-région se limitent d’abord aux questions politiques, idéologiques ou philosophiques. En attendant peut-être un changement de cap, ce qui est certains selon plusieurs analystes, le Franc CFA sert toujours de monnaie d’échange et de devise officielle dans les trois États.