Quel avenir politique pour Joseph Fifamin Djogbénou ?

Joseph Djogbenou

L’intense activité qu’il avait amorcée ces derniers jours laissait présager de l’ubuesque épilogue qu’ils viennent de nous servir : un ancien ministre de la justice, devenu président de la cour constitutionnelle et qui démissionne à moins d’un an de la fin de son unique mandat afin de se présenter à une élection. De mémoire, je ne connais personnellement aucun cas comme celui de Djogbénou dans le monde. Mais de quoi faut-il encore s’étonner de cette oligarchie gravitant autour de Patrice Talon et dont la seule limite morale et éthique en politique est leur espérance de vie ?

Après avoir fini sa mission de destruction méthodique des fondements de notre modèle démocratique et installé sans sourciller les bases de ce que les experts les plus pudiques qualifient de démocrature, Joseph Fifamè Djogbénou annonce donc sous les vivas de personnes présentées comme des journalistes, qu’il retournait “sur le terrain”. Ainsi en a décidé le client le plus emblématique de son cabinet d’avocats, Patrice Talon.

Pourtant, personne n’oubliera ni parmi les électeurs béninois, ni au sein de la communauté des juristes d’Afrique et du monde que Joseph Fifamin Djogbénou a été par son mercenariat intellectuel, à la base du recul démocratique le plus spectaculaire au monde après celui de l’Allemagne nazie dans les années 1930. Personne n’a oublié que l’ancien activiste des libertés et de la démocratie est le principal artisan des pires crises politiques que le Bénin ait connu de toute son histoire.

Le certificat de confirmité qu’il a sorti de son chapeau en plein processus électoral est l’acte fondateur de l’exclusion (sans doute définitive) de l’opposition de tous les processus électoraux menés sous Patrice Talon, des tueries, des vagues d’exilés et de clandestinité politiques, de l’instrumentalisation de la justice à des fins d’assassinat politique et de la mise aux pas des institutions d’équilibre de pouvoir.

Le nom de Joseph Fifamin Djogbénou sera donc définitivement associé, pour la postérité, aux sangs et aux larmes qui coulent au Bénin à chaque processus électoral mené sous Patrice Talon et à la misère imposée au peuple par un pouvoir sans contre-pouvoir. Une politique de la ruse et de la rage qu’il aura été personnellement chargé d’annoncer en 2017 au lendemain du rejet du projet de révision constitutionnelle qu’il avait mené de façon cavalière.

Joseph Fifamin Djogbénou est également celui qui a retiré le Bénin de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples et de la Cour de Justice de la CEDEAO afin de s’assurer que ses compatriotes meurtris, oppressés et terrorisés par le pouvoir décadent dont il s’est fait le serviteur le plus zélé, n’aient personne à qui se plaindre.

À ce genre de personnage, les nations les plus dignes réservent une place de choix au fin fond de la poubelle de leur histoire. Au Bénin, ils se font ovationner par des journalistes.

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