Après plusieurs jours de tergiversation, le communiqué du conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine est enfin sorti. Le CPS a soigneusement évité de prendre position sur le projet d’intervention militaire.
Cheick Ousmane Kane
La teneur du communiqué du Conseil de Paix et de Sécurité publié ce mardi 22 août 2023 en dit long sur les dissensions notées lors des discussions du 14 et 15 août dernier à Addis Abeba. L’organe de l’Union Africaine chargé des questions de sécurité était surtout attendu sur le projet d’intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Il a très habilement éludé la question. Le CPS s’est contenté de « prendre note de la décision de la CEDEAO de déployer une Force en attente » au Niger. Mais il « demande à la Commission de l’UA d’entreprendre une évaluation des implications économiques, sociales et sécuritaires du déploiement » de cette force au Niger d’une Force en attente au Niger et d’en faire rapport au Conseil, sans toutefois préciser si ladite évaluation devra se faire avant ou après le déploiement de la force. Un flou artistique d’autant plus abscons que dans les paragraphes suivants l’Union africaine « réaffirme sa pleine solidarité avec les efforts de la CEDEAO dans son engagement soutenu en faveur du rétablissement de l’ordre constitutionnel par des moyens diplomatiques ». Dès le départ, l’idée d’envoyer une force militaire au Niger avait été vivement critiquée par plusieurs pays membres de l’Union africaine. Comme l’Algérie, qui redoute un « embrasement » du Sahel en cas d’opération militaire, ou comme le Cap-Vert dont le président avait déclaré que « le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger ne doit en aucun cas passer par une intervention militaire ou un conflit armé en ce moment ».
Ingérences étrangères
Si elle a évité d’indiquer clairement qu’elle soutenait ou désapprouvait toute intervention militaire au Niger, l’Union africaine s’est montrée en revanche sur plusieurs autres aspects de la crise. Elle a en effet suspendu le pays de toutes ses instances, après avoir vivement rejeté « ce changement anticonstitutionnel de régime ». L’institution a également « fermement fustigé toute ingérence extérieure d’un acteur ou d’un pays extérieur au Continent dans les questions de paix et de sécurité en Afrique, y compris les engagements de sociétés militaires privées sur le continent », renvoyant ainsi dos-à-dos la France et la Russie qui se livrent une violente guerre d’influence dans la région.