L’ancien président de la Cour constitutionnelle, Théodore Holo, a pris position ce mardi 5 novembre 2024 sur l’affaire qui secoue actuellement le pays, celle de la supposée tentative de coup d’État. Lors d’une interview accordée à Eden TV, le constitutionnaliste a déploré ce qu’il considère comme un ‘’abus de langage” dans la manière dont certains qualifient les événements en cours.
D’emblée, Théodore Holo a voulu faire une distinction fondamentale entre la définition juridique du coup d’État et les accusations qui circulent actuellement dans les médias. Selon lui, il est important de ne pas confondre “tentative de coup d’État” avec d’autres formes de déstabilisations politiques. Pour l’ancien président de la Cour constitutionnelle, « le coup d’État suppose la conquête du pouvoir par une autorité instituée en violation de l’ordre constitutionnel ». Ce dernier précise que le coup d’État, dans sa conception classique, est souvent associé à une prise de pouvoir « militaire » par un « chef d’État-major ou un commandant d’unité de l’armée » qui renverse le gouvernement légalement élu, ce qui suspend inévitablement la Constitution.
En revanche, Théodore Holo nuance cette théorie avec une autre forme de coup d’État : le « coup d’État civil ». Il s’agit, selon lui, d’une tentative de manipulation constitutionnelle, où un dirigeant élu, par exemple, modifie les règles du jeu pour prolonger indûment son mandat et ainsi conserver le pouvoir. Cela constitue, selon l’expert, une « violation de la Constitution », et donc un coup d’État.
Des accusations insuffisamment fondées
Interrogé sur l’implication de l’ancien ministre des Sports Oswald Homeky et de l’homme d’affaires Olivier Boko dans cette affaire de coup d’État présumé, Théodore Holo a affirmé que l’on se trouve face à « un abus de langage ». Il a expliqué que les personnes actuellement sous enquête « n’ont aucune fonction qui leur permette d’exercer une autorité qui leur servirait de fondement pour violer l’ordre constitutionnel ». Selon lui, « l’un est toujours un homme d’affaires, l’autre est un ancien ministre », et de ce point de vu, le constitutionnaliste estime que les prévenus ne disposeraient pas des moyens nécessaires pour mettre en péril l’ordre constitutionnel du pays.
Mais pour lui, cette affaire pourrait plutôt relever d’une « menace sur la sûreté de l’État » ou d’un complot potentiel. Dans ce cas, il précise que c’est « aux juristes et aux magistrats » d’en juger.
Un appel à respecter l’ordre constitutionnel
Dans son intervention, l’ancien président de la Cour constitutionnelle a insisté sur la nécessité de respecter les principes démocratiques et l’ordre constitutionnel. « Je souhaite simplement que le droit à la matière soit dit parce qu’il faut éviter la conquête du pouvoir en violation de l’ordre constitutionnel », a-t-il affirmé. Il a rappelé que le pouvoir doit être acquis « par les urnes » et ne devrait pas être « le résultat de la violence ».